Coconstruction et évaluation de scénarios de gestion dynamique de la biodiversité cultivée dans des réseaux paysans et jardiniers à l'aide de la modélisation participative ; application à deux études de cas sur la tomate et sur le blé tendre en France
Auteur / Autrice : | Baptiste Rouger |
Direction : | Isabelle Goldringer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie, évolution et biologie environnementale |
Date : | Soutenance le 08/06/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Génétique quantitative et évolution-Le Moulon (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2002-....) |
Jury : | Président / Présidente : Elisabeth Fournier |
Examinateurs / Examinatrices : Elisabeth Fournier, Thierry Robert, François Bousquet, Elisa Thébault, Nathalie Frascaria Lacoste | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Robert, François Bousquet |
Mots clés
Résumé
Dans un contexte de tensions mondiales climatiques, sanitaires, démographiques, politiques, sociales et économiques, il est important de développer des systèmes alimentaires résilients pour être en mesure de continuer à nourrir la population mondiale malgré les bouleversements en cours. L'agriculture est l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre et est très dépendante des énergies fossiles, en particulier dans les pays industrialisés. La transition agroécologique repose, entre autres, sur des pratiques qui visent à réduire voire se passer des intrants de synthèse, en mobilisant les régulations biologiques et en cherchant à boucler le plus possible les cycles au sein des agroécosystèmes. Les agriculteurs, en adoptant ces pratiques, peuvent permettre de répondre aux enjeux environnementaux, sociaux et de résilience alimentaire. La biodiversité, au cœur de cette transition, contribue à la fois aux régulations écologiques et à l'adaptation continue des agroécosystèmes. Au sein des agroécosystèmes, la diversité génétique cultivée est un levier important pour favoriser l'adaptation des cultures aux conditions locales et aux changements globaux. Dans les systèmes agricoles vivriers, il existe une diversité de stratégies d'accès aux semences, de pratiques culturales et de conservation des semences par les agriculteurs, qu'on résume par les pratiques de gestion de la diversité cultivée. Cette diversité de pratiques de gestion s'accompagne d'une diversité de règles et d'organisations pour les échanges de semences, généralement associée au maintien d'une grande diversité génétique pour les espèces cultivées. Il est toutefois assez difficile d'étudier les impacts de cette gestion collective sur la capacité de ces systèmes complexes à maintenir de la diversité génétique au cours du temps. La mise en place d'expérimentation et/ou d'enquêtes pour suivre l'évolution de la diversité génétique demanderait beaucoup de moyens en temps, main-d'œuvre, et financiers qui peuvent être difficiles à mobiliser. Pour dépasser ces limites, ce travail de thèse vise tout d'abord à proposer un cadre théorique permettant de documenter et comprendre le fonctionnement des systèmes de gestion collective de la biodiversité cultivée. Il vise également à formaliser une démarche de recherche participative impliquant les acteurs de la gestion de la diversité cultivée dans le processus de recherche, pour contribuer à leur propre compréhension de l'impact de leurs pratiques et modes d'organisation sur la diversité. Pour cela, un logiciel modélisant la génétique des métapopulations cultivées est utilisé et une démarche de modélisation participative est proposée. La seconde partie de ce travail consiste à mettre en œuvre cette démarche de modélisation participative avec deux groupes français gérant respectivement des variétés populations de tomate et de blé. J'ai documenté le fonctionnement de chaque collectif, notamment en analysant les bases de données qu'ils entretiennent, ou en coconstruisant des schémas organisationnels. Ces informations discutées lors de ces temps forts collectifs ont permis de co-concevoir et d'évaluer, à l'aide du logiciel de simulation, différentes modalités de fonctionnement des collectifs et de mieux comprendre les conséquences de celles-ci sur la diversité génétique qu'ils gèrent. Ce travail a permis aux deux collectifs de prendre du recul sur leur mode d'organisation et leurs pratiques, voire d'envisager leur évolution dans le futur. L'application de la démarche de modélisation participative à deux collectifs a permis de mettre en évidence que cette démarche permet de documenter et mieux comprendre, en mobilisant chercheurs, paysans et jardiniers, l'impact des pratiques de gestion et d'organisation collective sur la diversité génétique des variétés qu'ils cultivent et d'en proposer une analyse et une représentation coconstruite.