Enjeux identitaires et travail de l'idéal du moi dans un atelier théâtre pour des enfants dans l'âge de latence accueillis en SESSAD
Auteur / Autrice : | Olivier Bignon |
Direction : | Rosa Caron |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Recherches en psychanalyse et psychopathologie |
Date : | Soutenance le 18/11/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....) |
Jury : | Président / Présidente : Mi-Kyung Yi |
Examinateurs / Examinatrices : Mi-Kyung Yi, Anne Brun, Anne Bourgain | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne Brun, Anne Bourgain |
Mots clés
Résumé
Avec la vitalité propre à son âge, l'enfant de la phase de latence se vautre dans le réel, mais aussi le tien à distance pour l'intégrer à son rythme, sans se mettre en danger. A la manière de l'amibe freudien, comme première forme psychique du moi, le psychisme de l'enfant et son identité émergente se façonneraient et se structureraient dans le confinement d'une supposée membrane -au sens figuré-, dont les prolongements cellulaires -comme pseudopodes- appréhenderaient le réel par tâtonnement pour en prélever des petites quantités assimilables. Ce système pare-excitation constituerait une premier forme de surmoi pour l'enfant. Les enfants de notre recherche ont vécu de lourdes perturbations dans leurs relations primaires. Leur narcissisme mis à mal s'illustre par une identité fragile et une tendance aux passages à l'acte qui atteste d'un surmoi insuffisamment intériorisé. La clinique de l'enfant état-limite, convoquée dans cette recherche, nous permet d'envisager cette fragilité identitaire comme une difficulté qu'a l'enfant de constituer une intériorité -lieu psychique- d'épaisseur et de profondeur suffisante. Une membrane aux qualités de protection, tonicité, perméabilité, et d'assimilation réduites pourrait rendre compte d'un pare-excitation insuffisant. Dans le huis clos du théâtre, le metteur en scène/thérapeute, par son médium malléable et son surmoi d'emprunt, créé et maintient autour de l'enfant les conditions d'une contenance pour accompagner le bon développement de ladite membrane. L'enfant s'abandonne à la représentation et à son rôle qui viennent attiser le travail de figurabilité dans le jeu. Dans son préconscient, les rôles, la musique, les costumes créent une mouvance plus grande dans les représentations qui peuvent se figurer. Elles trouvent dans cette topique l'espace et la profondeur pour se déployer et se configurer. De cette mouvance, sortent alors les images du préconscient qui permettent de voyager et de sonder la profondeur de ses émotions. Cet imaginaire vient colorer la voix, alimenter la gestuelle et donner vie au personnage. Dans ce huis clos autour de l'enfant, lui-même enveloppé dans la dite membrane, sont recréés les conditions de contiguïté où l'enfant va pouvoir s'identifier trait par trait avec son personnage. Par ce medium, l'enfant quitte son moi étriqué ; il peut adhérer à d'autres idéaux. Le metteur en scène/thérapeute va l'aider à déployer son imaginaire et dire à l'enfant ce qu'il attend du personnage. Dans ce travail difficile, le jeune comédien rencontre des déconvenues et des échecs, mais le metteur en scène lui indique alors d'autres pistes à suivre pour continuer à avancer sur ce chemin qui sera le sien. Par son médium malléable, le metteur en scène incarne et doit être le passeur d'un vécu le plus continue possible pour l'enfant. Ainsi le moi de l'enfant trouve un support dans le surmoi d'emprunt et une guidance dans l'idéal du moi du metteur en scène ; ses mécanismes de défense -protection, clivage- se lèvent, et l'idéal du moi de l'enfant chemine à travers le medium malléable du thérapeute. Après les répétitions et les représentations, l'enfant se représentera le chemin parcouru. Il reconnaitra que tous ses efforts valaient la peine d'être faits, qu'il a bien fait de faire confiance au metteur en scène. Le plaisir éprouvé de se décentrer de soi-même sera recherché à nouveau. Un nouvel ami l'accompagnera désormais, l'idéal du moi. Chacun des enfants engagés dans cette aventure sortira de la latence avec une configuration de son idéal spécifique. Pour certains, il sera bien orienté et jouera déjà son rôle dans l'organisation psychique. Pour d'autres, il sera mal différencié, car encore sous l'influence du moi idéal. Le moi poursuivra alors son travail d'élaboration. La réalité sera à la fois alliée pour actualiser son projet tourné vers ses idéaux émergents, et contrainte car la réalité lui renverra déjà ses propres limites.