Territoires mobiles émergents : matières à penser la ville, explorations en architectures et pratiques urbaines numériques

Emerging mobile territories : matters to think about the city, explorations in architectures and digital urban practices

• Auteur / Autrice : Esin Ekizoglu
• Direction : Elizabeth Mortamais
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Architecture, urbanisme, paysage et patrimoine
• Date : Soutenance le 26/10/2022
• Etablissement(s) : Université Paris Cité
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Identités, cultures, territoires (Paris ; 1992-....)
• Jury : Président / Présidente : Patrizia Laudati
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Elizabeth Mortamais, Patrizia Laudati, Sylvie Salles, Nicolas Tixier, Arnaud Passalacqua, Stéphane Safin
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Salles, Nicolas Tixier

Mots clés

Mots clés contrôlés

Systèmes homme-machine

Technologies de l'information et de la communication

Cartographie

Traces numériques

Aménagement du territoire -- Innovations technologiques

Villes -- Effets des innovations technologiques

Aménagement du territoire

Mots clés libres

Territoire

Objet technique individuel

Usager

Urbanités et réseaux

Cartographie

Architecture

Villes contemporaines

NTIC(s)

Traces numériques

Mémoire(s)

Systèmes de relations

Territory

Individual technical object

User

Urbanities and networks

Cartography

Architecture

Contemporary cities

NICT(s)

Digital traces

Memory(s)

Relation systems

Résumé

Depuis plusieurs décennies le « réseau numérique » est entré dans nos vies. L'introduction de ce réseau par les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ne s'est faite sentir que dans les années 1980. Depuis 2008, c'est surtout l'internet des objets (Internet of Things) qui marque notre quotidien et celui de la ville. En s'accrochant à la ville sous forme d'un ensemble de réseaux d'information l'internet des objets est en train de former une nouvelle architecture de la communication par l'intermédiaire des objets techniques. Les objets techniques font, dorénavant, partie du corps de leurs utilisateur.trice.s dont le nombre augmente à une vitesse ahurissante. Oosterman l'explique déjà en 2011 en faisant référence à une « bulle d'information » qui enveloppe les individus. D'après lui l'interaction des objets avec l'environnement urbain et architectural est devenue tellement raffinée que les objets techniques arrivent à s'approcher des citadins individuellement voire les englober. Contrairement à ce que nous pourrions penser, au lieu d'occuper une place importante dans les champs de vision des agents de la ville, les objets techniques et leurs effets ont commencé à disparaitre progressivement de nos champs d'attention cognitive. Les techniques sont dorénavant partout et nulle part dans nos champs d'attention. Elles sont utilisées en étant peu à peu appropriées, intégrées par le corps et l'environnement de leurs usagers. La principale conséquence est qu'elles rapprochent ces différents utilisateur.trice.s en transformant les états, les natures et les utilisations des objets techniques dans le temps et l'espace. Désormais les techniques renouvellent et transforment les usages de l'espace architectural, urbain et paysager. La boucle générée par l'utilisation des objets techniques et le développement des techniques produit une quantité inestimable d'informations. Puisque les objets techniques disparaissent du champ de vision des agents de la ville, pourrions-nous dire pareil des informations qu'elles créent ? Est-ce que ces outils ignorés ne nous informent pas également sur les informations disparues ? Est-ce que ces informations sont vraiment disparues et ne peuvent rien nous apprendre ? Nous savons que les objets techniques organisent, totalisent et structurent des territoires dans la « technosphère ». Elle a différentes interprétations selon les chercheur.e.s : elle est appelée « système technique » par Ellul et Gille, « appareillage scientifico-industriel » par Gehlen, ou encore « Gestell » (arraisonnement, dis-position,...) par Heidegger. Dans le cadre de la thèse, il est supposé que la technosphère n'a pas de limite. La production exponentielle des informations s'y accumule d'une manière invisible. La thèse s'intéresse aux informations « invisibles » produites de par les utilisateur.trice.s des objets techniques de la technosphère. Il est supposable que ces informations nous fournissent des éléments clés sur la vie de ces utilisateur.trice.s des objets techniques qui sont également usagers de l'espace urbain et architectural. La thèse se développe dans le but de répondre à ces questions par une méthodologie qui utilise, comme outil hypothétique, le paradigme des « territoires personnels privés mobiles ». Cet outil hypothétique théorisé dans le corps de la thèse est utilisé pour comprendre la couche d'informations invisibles des territoires du XXIème siècle à l'ère des NTIC. Il permet de faire la lecture et l'écriture des territoires physiques via des informations quantitatives et qualitatives des usagers des espaces urbains. Les villes d'Istanbul, de Strasbourg et de Stockholm sont choisies comme études de cas majeurs de la thèse.

For several decades the ''digital network'' has entered our lives. The introduction of this network by new information and communication technologies (NTIC) only made itself felt in the 1980s. Since 2008, it is above all the Internet of Things which marks our daily life and the city. By clinging to the city in the form of a set of information networks, the Internet of Things is in the process of forming a new communication architecture via technical objects. Technical objects are now part of the body of their users, the number of which is increasing at an astonishing speed. Oosterman already explained it in 2011 by referring to an ''information bubble'' that surrounds individuals. According to him, the interaction of objects with the urban and architectural environment has become so refined that technical objects manage to approach city dwellers individually or even encompass them. Contrary to what we might think, instead of occupying an important place in the fields of vision of city agents, technical objects and their effects began to gradually disappear from our fields of cognitive attention. Techniques are now everywhere and nowhere in our fields of attention. They are used by being gradually appropriated, integrated by the body and the environment of their users. The main consequence is that they bring these different users together by transforming the states, natures and uses of technical objects in time and space. From now on, techniques are renewing and transforming the uses of architectural, urban and landscape space. The loop generated by the use of technical objects and the development of techniques produces an invaluable amount of information. Since technical objects disappear from the field of vision of city agents, could we say the same of the information they create? Don't these ignored tools also inform us about missing information? Is this information really gone and can't tell us anything? We know that technical objects organize, totalize and structure territories in the 'technosphere'. It has different interpretations according to researchers: it is called 'technical system' by Ellul and Gille, 'scientific-industrial apparatus' by Gehlen, or even 'Gestell' (boarding, dis-position, etc.) by Heidegger. As part of the thesis, it is assumed that the technosphere has no limit. The exponential production of information accumulates there in an invisible way. The thesis focuses on the ''invisible'' information produced by the users of technical objects in the technosphere. It is likely that this information provides us with key elements on the life of these users of technical objects who are also users of urban and architectural space. The thesis is developed with the aim of answering these questions through a methodology that uses, as a hypothetical tool, the paradigm of 'mobile private personal territories'. This hypothetical tool theorized in the body of the thesis is used to understand the layer of invisible information of the territories of the 21st century in the era of NTIC. It makes it possible to read and write physical territories via quantitative and qualitative information from users of urban spaces. The cities of Istanbul, Strasbourg and Stockholm are chosen as major case studies of the thesis.