Thèse soutenue

« Croire ou brûler » : une génération de révolutionnaires européens face au phénomène soviétique (1914-1939)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Marion Labeÿ
Direction : Sophie CœuréGianluca Fiocco
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 18/03/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité en cotutelle avec Università degli studi di Roma "Tor Vergata" (1972-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Identités, cultures, territoires (Paris ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Noëlline Castagnez
Examinateurs / Examinatrices : Noëlline Castagnez, Patrizia Dogliani, Laurent Jeanpierre
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrizia Dogliani, Laurent Jeanpierre

Résumé

FR  |  
EN

Cette étude ambitionne de mesurer l'impact du phénomène soviétique - en tant qu’expérience de vie et référant politique - sur une génération de révolutionnaires européens dans l’entre-deux-guerres. Cette recherche porte sur des hommes et des femmes, issus des cultures française, italienne et russe, qui partagent l’expérience de vie en URSS dans les années 1920 et qui sont parmi les premiers à adhérer au projet révolutionnaire bolchévique mais aussi les premiers à s'opposer à l’évolution prise tant par le régime bolchévique que par le mouvement communiste. En utilisant une méthode basée sur l’étude des biographies individuelles, alliant histoire sociale, politique et culturelle, histoire des idées politiques et sociologie du militantisme, nous proposons de faire une analyse processuelle de l'engagement et du désengagement politique à gauche et de la construction d’une image négative spécifique du régime soviétique chez les premiers partisans de la révolution russe. En questionnant le rapport au phénomène soviétique, c’est l’identité même des militants, tout autant que leurs représentations du monde et leurs conceptions de la révolution qui sont étudiées. En s’appuyant sur des archives privées et en particulier sur des égo-documents, ce travail porte moins sur l’analyse du discours produit sur l'URSS que sur les conditions et les modalités de sa construction. Il examine la condition de l’opposant, du dissident, de l’exclu et de l’exilé, le rapport à l’écrit et aux idées politiques. Cette recherche interroge les différentes étapes du désengagement, de la désaffection à la désidentification, et les modalités de la reconversion, du réinvestissement politique de ces hommes et de ces femmes qui sont aussi les témoins et les acteurs du discours historique sur l’URSS et le monde communiste. Ceux qui cherchent à écrire l'histoire à chaud de leur génération font, à la fin des années 1930, le constat de l'échec du mouvement ouvrier dans l’entre-deux-guerres, ce qui les amène éventuellement à remettre en question leurs convictions politiques. Ces facteurs, et l’évolution du régime soviétique au cours de cette période, participent à la formulation de l’anticommunisme chez les premiers partisans de la révolution. Dans cette perspective, cette recherche contribue à mieux comprendre ce qui sous-tend le désengagement et la « lucidité » de ces hommes et de ces femmes dans les années 1920-1930.