Thèse soutenue

Poésie des Pensées : voix et musicalité de l'écriture pascalienne

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Aline Gatier
Direction : Pascal Debailly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et sémiologie du texte et de l'image
Date : Soutenance le 18/03/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Béatrice Guion
Examinateurs / Examinatrices : Béatrice Guion, Tony Gheeraert, Frédéric de Buzon, Laurence Plazenet
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Guion, Tony Gheeraert

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse se propose d'écouter les ''Pensées'' de Pascal. Dans quelle mesure Pascal, fils d'un organiste amateur et jeune auteur d'un ''Traité des sons'', s'est-il approprié l'univers sonore de son époque pour composer une œuvre dont les rythmes n'ont cessé d'étonner, de réveiller et d'entraîner ses lecteurs ? Pascal écrit-il « comme un musicien », selon l'hypothèse de Jean Mesnard ? Étudier la musicalité des ''Pensées'' suppose, tout d'abord, l'analyse de l'énonciation : le contexte prédicatif comme les recherches en acoustique de l'âge classique sont en lien avec une écriture de l'actio, c'est-à-dire une écriture oratoire. C'est par l'ouïe qu'on convertit, rappelle Pascal en citant la ''fides ex auditu'' paulinienne. La démarche entreprise avec l'écriture des ''Pensées'' n'est pas sans rappeler les principes des traités de musique de l'époque (ceux de René Descartes, de Marin Mersenne, de Pierre Gassendi...), comme les partitions qui pouvaient être publiées chez Ballard, par exemple. Motets, airs spirituels, Tombeaux et airs de cour composent un paysage sonore encourageant à choisir et à créer des rythmes particuliers, en explorant la « disposition des matières ». La musicalité d'un texte, c'est-à-dire sa prosodie, ses mouvements, son imaginaire, ne se fonde cependant pas sur de la matière sonore en tant que telle. Parler de poésie, et notamment de « poèmes en prose », permet d'étudier le lyrisme pascalien : heurté, dissonant, voire strident, ce lyrisme peut évoquer, pour le lecteur actuel, certaines expérimentations acoustiques de musique contemporaine, par exemple celles d'Edgar Varèse. Le rapport à la voix est pourtant ancré dans les sonorités du XVIIe siècle : l'étude du gémissement et des silences nous ramène au projet de conversion. Ce projet ne peut passer par le lyrisme d'une « éloquence continue » qui resterait à la surface de l'être : les ''Pensées'' relèvent d'un lyrisme apophatique, engageant le lecteur comme un interprète.