Thèse soutenue

Détection in vivo des protéines amyloïde fibrillaire et tau en tomographie par émission de positons dans la maladie d’Alzheimer et les pathologies apparentées

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Auteur / Autrice : Julien Lagarde
Direction : Marie SarazinMichel Bottlaender
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 01/04/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'imagerie biomédicale multimodale Paris-Saclay (Orsay, Essonne ; 2020-....)
Jury : Président / Présidente : Florence Pasquier
Examinateurs / Examinatrices : Florence Pasquier, Vincent Deramecourt, Olivier Martinaud, Aurélie Kas, Jean-Christophe Corvol, Gaël Chételat
Rapporteur / Rapporteuse : Vincent Deramecourt, Olivier Martinaud

Résumé

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Les maladies neurodégénératives cognitives, au premier rang desquelles se trouve la maladie d’Alzheimer (MA) ont en commun l’accumulation de protéines anormales dans le cerveau, dont les mécanismes restent encore largement méconnus. Les marqueurs physiopathologiques permettent d’identifier les protéinopathies en cause. Le dosage des biomarqueurs protéiques dans le liquide cérébro-spinal (LCS) est utilisé en pratique clinique. Réservée à la recherche, l’utilisation de radiotraceurs spécifiques en tomographie par émission de positons (TEP), tels que le [11C]-PiB et le [18F]-flortaucipir, permet de quantifier et localiser les dépôts de peptide amyloïde fibrillaire et la tauopathie. Ce travail de thèse a pour objectif principal d’étudier l’intérêt diagnostique et pronostique des imageries couplées amyloïde et tau en TEP dans la MA et les maladies apparentées. La première partie a porté sur l’apport diagnostique des imageries amyloïde et tau chez des patients présentant un syndrome amnésique de type hippocampique isolé évocateur d’une MA débutante. Une proportion importante de patients avait des imageries amyloïde et tau négatives, ne répondant donc pas à la définition physiopathologique de la MA. Ils étaient classés comme suspected non-AD pathophysiology (SNAP). Quelques patients ayant une imagerie amyloïde négative présentaient une fixation du traceur tau limitée aux lobes temporaux internes, évocatrice de possible primary age-related tauopathy (PART). Le profil neuropsychologique et le volume hippocampique étaient similaires entre les groupes SNAP et MA à l’inclusion. Le suivi longitudinal à 2 ans a révélé une évolution clinique plus défavorable dans le groupe MA et une évolution de l’atrophie corticale à prédominance temporo-pariétale dans la MA et à prédominance frontale chez les SNAP. Ces résultats soulignent donc l’hétérogénéité moléculaire du syndrome amnésique hippocampique, qui semble avoir des conséquences sur le pronostic chez ces patients. Nous avons ensuite étudié l’utilité diagnostique de l’imagerie TEP tau pour la détection de tauopathies non MA chez des patients présentant une dégénérescence frontotemporale comportementale (DFTc), une aphasie primaire progressive de type agrammatique (APPag) ou un syndrome corticobasal (SCB), avec une imagerie amyloïde négative. Pour compenser la plus faible affinité du flortaucipir pour les tauopathies non MA, nous avons utilisé une fenêtre tardive d’acquisition, permettant dans la MA de renforcer la fixation spécifique dans les régions riches en lésions tau. Dans la DFTc, l’APPag et le SCB, nous avons ainsi pu détecter une fixation du traceur tau dans des régions concordantes avec les phénotypes cliniques considérés. Cette fenêtre tardive semble aussi atténuer la fixation non spécifique du flortaucipir dans les noyaux gris centraux chez tous les sujets, améliorant donc potentiellement l’interprétation des fixations pathologiques dans ces régions. Dans la troisième partie de cette thèse, nous avons étudié l’utilité de l’imagerie amyloïde et tau en TEP comme outils de pronostic et de compréhension physiopathologique de la MA. Nous avons mis en évidence un lien fort entre la fixation initiale du flortaucipir et l’évolution cognitive sur 2 ans évaluée dans différents domaines cognitifs, ce qui n’était le cas ni avec l’imagerie amyloïde ou les biomarqueurs du LCS, ni avec l’IRM. Pour chaque domaine cognitif, ces associations entre TEP tau et évolution des troubles prédominaient dans les régions cérébrales qui leur sont classiquement associées. Ce résultat permet d’approfondir la compréhension de la relation entre tauopathie et neurodégénérescence dans la physiopathologie de la MA. Ce travail de thèse contribue à mieux préciser l’utilité de l’imagerie amyloïde et tau en TEP dans les pathologies neurodégénératives cognitives en tant qu’outils de diagnostic précoce et de pronostic, afin de développer de nouvelles pistes thérapeutiques et d’améliorer la conception des essais cliniques.