Thèse soutenue

Dynamiques d'urbanisation et risques écosystemiques dans la région de Libreville (Gabon)

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Auteur / Autrice : Armel Biboutou
Direction : Nathalie BlancJean-Bernard Mombo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Dynamique des milieux et risques
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (Nanterre ; 1997-....)
Jury : Président / Présidente : Éric Denis
Examinateurs / Examinatrices : Éric Denis, Gilbert David, Bénédicte Thibaud, Jean-Louis Yengué, Marjolaine Okanga-Guay
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilbert David, Bénédicte Thibaud

Résumé

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Depuis sa création en 1849, Libreville a connu une urbanisation non planifiée et non coordonnée. Au fil des décennies, cette urbanisation anarchique s'accompagne de déséquilibres environnementaux et soumet les citadins à de nombreux risques écosystémiques. L'urbanisation anarchique, son univers de production et les risques écosystémiques engendrés sont l'objet de cette recherche. Des questions peu abordées au Gabon sont soulevées : comment, par qui et pourquoi l'urbanisation anarchique est-elle produite ? Que révèle cette forme de production de la ville ? Dans quelle mesure la production de l'urbanisation anarchique contribue-t-elle à l'accroissement des risques écosystémiques ? Les réponses sont formulées suivant quatre axes. Dans un premier axe les changements d'occupation des sols dans la ville ont été identifiés, caractérisés et analysés. Les outils de télédétection et SIG utilisés ont permis de produire des cartes d'occupation des sols et des cartes de risques. Un deuxième axe étudie les relations nature-société à Libreville, et met en évidence les perceptions de la ville et de la nature, tout en identifiant les bienfaits que tirent les populations de la nature, et les risques écosystémiques auxquels la population est exposée. Le processus d'urbanisation en cours à Libreville a été caractérisé et analysé dans un troisième axe. Ces deux derniers axes s'appuient sur l'enquête de terrain par entretiens semi-directifs, les récits de vie recueillis auprès des populations et des acteurs locaux. Dans le quatrième axe, un regard prospectif a été porté sur Libreville à l'aide des cartes de simulation de l'occupation des sols. Les résultats de cette recherche montrent une expansion rapide, importante et déstructurée de l'emprise urbaine de Libreville et ses environs, accompagnée d'une déforestation importante de la région, principalement au nord. La dynamique observée dans la ville est le résultat d'un cercle vicieux : occupation anarchique des sols, accès à la terre de gré à gré, spéculation foncière, absence de contrôle foncier par l'État et laisser-faire, etc. Ces résultats montrent une perception généralisée de la dégradation de la nature et des pratiques de conservation et de protection, tant des citadins que des décideurs, une réduction de la biodiversité et témoignent de conflits citadins-nature. La dégradation et l'importante déforestation des mangroves et la construction des maisons sont les principales causes avancées par les enquêtés. Ainsi, les changements d'occupation des sols, et les impacts sur la nature, conduisent à l'augmentation des risques écosystémiques d'inondation et d'érosion côtière, perçus différemment selon l'âge, la localisation, le statut professionnel, etc. L'érosion continentale est très peu perçue comme un risque ou un problème, en dépit des résultats cartographiques montrant des zones exposées. En tant que coproduction des populations et des acteurs locaux, les divers acteurs trouvent un intérêt à l'urbanisation non-contrôlée. Des routines structurent la coproduction de l'espace : des campements précaires, des routes et pistes ouvrent la voie à l'urbanisation et la déforestation, etc. Une absence de synergie, des conflits de compétences, une décentralisation insuffisante, une gabegie financière et une politique à outrance marquent également cette urbanisation anarchique. Dans un scénario de laisser-faire, la modélisation prospective de l'occupation des sols montre, une réduction importante de la végétation dense dans les espaces protégés. Dans un schéma de contrôle, en revanche, elle montre une conservation de la quasi-totalité des zones protégées. Ces situations, qui renseignent sur l'avenir de Libreville, posent des questions sur la gouvernance urbaine et environnementale au Gabon. Alors, est faite une tentative d'analyse des possibilités de changement en s'appuyant sur des modèles de villes en Afrique et dans le monde, tant sur les aspects urbains qu'environnementaux.