Douleur et détresse psychologique dans la maladie de Parkinson

Pain and psychological distress in Parkinson’s disease

• Auteur / Autrice : Sylvia Zaouch Zimmers
• Direction : Catherine Bungener
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Psychologie
• Date : Soutenance le 08/12/2022
• Etablissement(s) : Université Paris Cité
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychopathologie et Processus de santé (Paris ; 2006-....)
• Jury : Président / Présidente : Pascal Antoine
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Pascal Antoine, Bruno Quintard, Carolina Baeza-Velasco, David Grabli
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Antoine, Bruno Quintard

Mots clés

Mots clés contrôlés

Détresse

Ajustement (psychologie)

Évaluation de la douleur

Maladie de Parkinson

Mots clés libres

Détresse psychologique

Croyances et représentations de la douleur

Pain

Psychological distress

Parkinson's disease

Coping

Pain beliefs and perceptions

Résumé

La maladie de Parkinson (MP) est une affection neurodégénérative invalidante, qui se caractérise par la présence de signes dits moteurs et non-moteurs pouvant apparaître dès le début de la maladie ou au cours de son évolution, et qui sont responsables d'une altération progressive de la qualité de vie des patients. Nous avons choisi de nous intéresser plus particulièrement au phénomène douloureux et à son intrication avec les symptômes dépressifs, anxieux et l'apathie. En effet, cette problématique fait l'objet d'une attention récente mais croissante dans la littérature, car la complexité du phénomène douloureux dans la MP rend difficile son évaluation et ses traitements. Par ailleurs, si les résultats de la littérature mettent en évidence que la douleur dans la MP est souvent associée à une symptomatologie anxio-dépressive, les processus impliqués dans cette relation demeurent encore mal compris. Notre recherche visait donc à compléter et à affiner les modèles actuels de compréhension du phénomène douloureux dans la MP, en tenant compte de ses spécificités et de son intrication avec les troubles psychiques. Par ailleurs, nous visions, grâce à l'utilisation d'une méthodologie de recherche quantitative et qualitative, à identifier les facteurs individuels et les processus psychologiques (coping, croyances et représentations face à la douleur) qui vont venir moduler les liens entre troubles psychiques et douleur. Une première étude quantitative de cohorte transversale a été déployée auprès de participants ayant reçu un diagnostic de MP, via un questionnaire en ligne diffusé par des associations de patients francophones. Ensuite, une deuxième étude au design mixte a été conduite auprès de participants volontaires issus de la première étude. Les résultats des deux études quantitatives (n=169 et n=32) confirment les résultats de la littérature qui mettent en évidence des niveaux de détresse psychologique (à la fois pour les symptômes anxieux et dépressifs) et de troubles structurés dépressifs et anxieux supérieurs à ceux de la population générale. Par ailleurs, nos résultats montrent que selon l'outil utilisé 82.8 % à 95.2 % des participants sont douloureux. Ensuite, nous avons mis en évidence des résultats importants et novateurs dans la compréhension du phénomène douloureux dans la MP: parmi les mécanismes de coping face à la douleur déployés par les participants, la dramatisation, joue un rôle médiateur dans la relation entre la détresse psychologique et le retentissement sensoriel et émotionnel de la douleur. Par ailleurs, l'exploration des croyances et représentations face à la douleur chez nos participants permet de souligner que celles-ci diffèrent de celles de populations d'individus douloureux chroniques non atteints de MP, et sont marquées par la dimension de pérennité, signifiant que les participants perçoivent l'expérience douloureuse dans la MP comme chronique et durable. Les résultats des analyses qualitatives menées en IPA (Analyse Phénoménologique Interprétative) nous ont permis de mettre en évidence les processus de mise en sens de l'expérience douloureuse chez des participants diagnostiqués à un âge précoce (n=4). Ces résultats mettent en lumière les processus d'adaptation mis en oeuvre par les participants, et ce malgré le bouleversement identitaire majeur provoqué par la maladie et la douleur. Ils éclairent aussi la façon dont la dimension relationnelle de la douleur prend place dans cette expérience douloureuse. En conclusion, ce travail de thèse permet une meilleure compréhension du phénomène douloureux dans la MP et offre de nouvelles perspectives de recherche. Il ouvre également d'une part vers des propositions pour une amélioration des pratiques cliniques ; et d'autre part vers de nouvelles pistes d'interventions thérapeutiques visant à modifier la perception de l'expérience douloureuse et ainsi faciliter l'adaptation à ce symptôme particulièrement fréquent et invalidant chez les patients atteints de MP

Parkinson's disease (PD) is a disabling neurodegenerative condition, characterized by the presence of motor and non-motor signs which may appear from the onset of the disease or during its development, and which are responsible for a progressive alteration in patient quality of life. We have chosen to focus on the phenomenon of pain and its intricacies with symptoms of depression, anxiety, and apathy. The complexity of the phenomenon of pain in PD makes it difficult to assess and treat, and has therefore been the subject of recent but growing attention in scientific literature. Furthermore, while studies show that pain in PD is often associated with anxio-depressive symptomatology, the processes involved in this relationship remain poorly understood. Therefore, our research aimed at completing existing models for the understanding of the phenomenon of pain in PD taking into account its specificities and its links with psychological disorders. In addition, we aimed, through the use of both quantitative and qualitative research methodologies, at identifying the individual factors and the psychological processes (coping, pain beliefs and perceptions) which influence the links between psychological disorders and pain. A first quantitative cross-sectional study was conducted among a cohort of participants who had received a diagnosis of PD, using an online questionnaire distributed via French-speaking patient associations. A second study with a mixed-design was conducted with voluntary participants of the first study. The results of the two quantitative studies (n=169 and n=32) confirm those found in literature, showing levels of psychological distress (both for anxiety and depressive symptoms), and of structured depression and anxiety disorders, higher than those in the general population. In addition, our results show that depending on the tool used, 82.8% to 95.2% of participants were experiencing pain. Then, we found significant and innovative results for the understanding of the phenomenon of pain in PD: among the pain coping mechanisms deployed by participants, dramatization plays a mediating role in the relationship between psychological distress and the sensory and emotional impact of pain. Moreover, the exploration of pain beliefs and perceptions among our participants reveals that these differ from those in populations of individuals experiencing chronic pain but not suffering from PD. PD participants' beliefs and perceptions about pain are indeed marked by the dimension of permanence, meaning that they perceive the experience of pain in PD as chronic and long-lasting. The results of the qualitative analyses we have conducted utilizing the IPA method (Interpretative Phenomenological Analysis) allowed us to explore the processes of making sense of the experience of pain in participants diagnosed at an early age (n=4). They shed light on the processes of adaptation implemented by the participants, despite the major identity upheaval caused by the illness and pain. They also help gain a better understanding of the way in which the experience of pain is influenced by its relational dimension. In conclusion, these results thus allow a better understanding of the phenomenon of pain in PD and open new research perspectives. They offer both proposals for improving clinical practices and new possibilities of therapeutic interventions. These latter can be aimed at modifying the perception of the experience of pain, and thus facilitate adaptation to this particularly frequent and disabling symptom in patients with PD.