Thèse soutenue

Étude des facteurs de risques de survenue de la mort subite en fonction du phénotype sous-jacent : données à 7 ans du registre francilien du centre d'expertise mort subite

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Auteur / Autrice : Ardalan Sharifzadehgan
Direction : Xavier Jouven
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Épidémiologie
Date : Soutenance le 21/10/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Gabriel Laurent
Examinateurs / Examinatrices : Gabriel Laurent, Pascal Lim, Magalie Ladouceur, Marie Hauguel-Moreau
Rapporteurs / Rapporteuses : Gabriel Laurent, Pascal Lim

Mots clés

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Résumé

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La mort subite de l’adulte reste une cause majeure de décès. Considérant les résultats modestes sur le versant thérapeutique, avec une survie qui reste inférieure à 10%, l’optimisation de nos stratégies préventives actuelles apparait essentielle pour continuer à améliorer le pronostic des patients. L’objectif de ce travail était d’identifier les axes d’amélioration dans nos stratégies de prévention primaire et secondaire selon l’étiologie de la mort subite, à travers les données à 7 ans du registre francilien du Centre d’Expertise Mort Subite (CEMS). Ce registre collecte prospectivement depuis 2011 tous les cas d’arrêts cardiaques extrahospitaliers à Paris et en petite couronne. La collaboration étagée entre le SAMU et les pompiers de Paris, les différents services hospitaliers (réanimation, cardiologie, etc…), et l’Institut Médico-Légal de Paris, assure une exhaustivité unique. Sur le versant de la prévention primaire, afin d’identifier une stratégie préventive ciblée pour les apparentés du premier degré de mort subite, nos données se sont portées sur l’exploration étiologique en réanimation des jeunes victimes de mort subite. En effet, les patients jeunes < 45 ans représentent une population avec une proportion plus importante de cardiopathie héréditaire. Il apparait donc indispensable que l’investigation étiologique de la mort subite soit exhaustive, même s’ils décèdent en réanimation, afin de comprendre le mécanisme de mort subite, informer et entreprendre une stratégie préventive pour les apparentées du premier degré. D’après nos données, plus de la moitié des jeunes victimes de mort subite restait non expliquée. Ces patients étaient moins souvent explorés sur le plan étiologique et notamment moins adressés pour une coronarographie immédiate lors de l’admission à l’hôpital. Le faible taux de coronarographie immédiate réalisée chez ces patients suggère que la maladie coronaire est sous-estimée chez ces jeunes adultes, y compris par la communauté médicale, alors même qu’elle possède le meilleur rendement diagnostic. De plus, les taux d’autopsie, d’analyse génétique et d’exploration étiologique familiale étaient aussi bas. Sur le versant de la prévention secondaire, nos données ont permis de décrire la population de survivants sortant sans défibrillateur automatique implantable de l’hôpital après une mort subite. Dans les recommandations internationales, le défibrillateur est recommandé pour tous les survivants en l’absence de cause réversible évidente. Cette population de patient représentait deux tiers des survivants et l’étiologie principale était le syndrome coronaire aigu (85%). L’unique facteur associé à la non implantation du défibrillateur dans ce groupe était l’angioplastie coronaire immédiate. Il apparait donc que le choix pour l’implantation d’un défibrillateur repose sur le fait que le diagnostic soit considéré comme une cause réversible ou non. Ceci nous conduit donc à définir précisément une cause réversible et notamment le syndrome coronaire aigu afin de ne pas méconnaitre la constitution d’un substrat arythmogène au sein de la cicatrice myocardique. Au contraire, un diagnostic excessif de cause réversible exposerait les survivants à une perte de chance de bénéficier d’une prévention secondaire adaptée. Ce travail apporte des données importantes sur l’épidémiologie de la mort subite, et identifie différentes directions de recherche visant à optimiser la prévention primaire et secondaire de la mort subite en fonction du phénotype étiologique sous-jacent. Ainsi, la composition d’une équipe « Mort Subite » pluridisciplinaire dès l’entrée en réanimation apparait comme une stratégie essentielle dans la prise en charge globale et notamment étiologique de nos patients. Elle permet de comprendre le mécanisme de la mort subite et d’optimiser la prévention secondaire en cas de survie mais aussi la prévention primaire pour les apparentés du premier degré.