Mécanismes moléculaires et marqueurs biologiques dans la pathogénèse des cancers ano-génitaux HPV induits.
Auteur / Autrice : | Valentine Ferré |
Direction : | Diane Descamps, Jade Ghosn |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie |
Date : | Soutenance le 16/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Infection, anti-microbien, modélisation, évolution (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Anne Couvelard |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Couvelard, Sébastien Hantz, Charles Cazanave, Aude Jary | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sébastien Hantz, Charles Cazanave |
Mots clés
Résumé
Afin de mieux prévenir les cancers ano-génitaux HPV induits, il est important de mieux comprendre les mécanismes moléculaires de leur pathogénèse mais aussi de trouver des marqueurs biologiques permettant de mieux dépister les stades pré-cancéreux de ces lésions. Dans ce travail de thèse, nous avons d'abord mené deux études épidémiologiques ayant pour but de décrire les HPV circulant en 2017 au sein de deux populations à risque : les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) et les femmes travailleuses du sexe (TDS) au Togo, un pays présentant une forte incidence des cancers du col de l'utérus et une importante prévalence du VIH. Nous avons mis en évidence une forte prévalence des infections sexuellement transmissibles mais également une distribution inhabituelle des types d'HPV, l'HPV16 n'étant pas le plus fréquemment détecté. Ainsi, l'HPV16 n'était qu'au 4ème rang en termes de fréquence chez les TDS. Pour les HSH, l'HPV35 était le plus fréquemment détecté, corroborant les résultats de deux études précédentes menées chez les HSH en Afrique Sub-saharienne. Nous avons ensuite comparé les séquences d'un même type d'HPV issues des frottis cervicaux et anaux prélevés de façon concomitante chez les TDS. Grâce à du séquençage viral génome entier, nous avons montré que ces séquences étaient identiques, en faveur de l'hypothèse selon laquelle une grande partie des infections anales féminines seraient liées à une auto-inoculation à partir des infections cervicales. L'analyse des séquences virales a également montré que, malgré une fréquence mutationnelle globale similaire, les mutations induites par APOBEC3 n'étaient pas réparties de façon homogène entre les types d'HPV ni entre les différents groupes de risque oncogène. Ainsi, nous avons démontré sur nos données que les HPV bas-risque (HPVbr) présentaient plus fréquemment des mutations APOBEC3 que les HPV haut-risque (HPVhr), ce que nous avons confirmé par l'analyse des séquences issues de Genbank des HPVhr (HPV16 et 18) et HPVbr (HPV6 et 11) les plus fréquents. Nous avons également montré que ces mutations n'étaient pas réparties de façon homogène le long du génome viral avec un nombre plus élevé de mutations dans les gènes L2 et E1. La différence de signature APOBEC3 entre les groupes d'HPV de différent risque oncogène était retrouvée à l'échelle des gènes viraux, avec une absence de mutations dans les gènes E6 et E4 des HPV16 et 18 alors qu'ils étaient fréquemment mutés dans les HPV6 et 11. Ces motifs de mutations APOBEC différents entre les groupes d'HPV pourrait participer à leur différence de pathogénicité. Dans une dernière étude, nous avons évalué la valeur prédictive de marqueurs de méthylation du génome humain pour l'évolution vers le cancer anal. Ces marqueurs sont bien établis pour le cancer du col de l'utérus et des marqueurs d'intérêt pour le cancer anal ont été mis en évidence par des études transversales sur des biopsies tissulaires (ZNF582 et ASCL1). Notre étude prospective, ancillaire de la cohorte française AIN3, a permis de quantifier ces marqueurs sur des frottis anaux, moins invasifs que les biopsies. Nous avons d'abord démontré que ces marqueurs étaient associés avec les marqueurs classiquement réalisés sur frottis anal : cytologie, double marquage p16/Ki-67, détection d'HPV16 et HPVhr. Nous avons ensuite démontré l'association significative entre le niveau de méthylation de ces marqueurs et l'évolution vers le cancer des patients dans le suivi. Et enfin, nous avons proposé des seuils de méthylation, adaptés à la cohorte AIN3, permettant de démontrer qu'avec des seuils adaptés, ces marqueurs pourraient être implémentés dans les algorithmes de dépistage du cancer anal, par exemple pour orienter vers l'anuscopie haute résolution. Ces résultats contribuent donc à améliorer les connaissances épidémiologiques et mécanistiques des infections HPV et à identifier des marqueurs de triage des lésions anales.