Thèse soutenue

Étude clinique de nouveaux biomarqueurs liquidiens dans la maladie d'Alzheimer et autres maladies neurodégénératives

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Auteur / Autrice : Agathe Vrillon
Direction : Claire Paquet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 23/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Optimisation thérapeutique en neuropsychopharmacologie (Paris ; 2014-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Claire Paquet, Isabelle Quadrio, Sebastiaan Engelborghs, Susanna Schraen-Maschke, Ralf Jockers
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Quadrio, Sebastiaan Engelborghs

Résumé

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La maladie d'Alzheimer (MA) est la plus fréquente des pathologies neurodégénératives. Des biomarqueurs d'imagerie et liquidiens sont disponibles, reflétant les lésions caractéristiques de la maladie, à savoir l'accumulation anormale des protéines amyloïdes et tau, et la neurodégénérescence. Les biomarqueurs du liquide cérébrospinal (LCS), mesurant les niveaux de peptide béta-amyloïde 1-42 (Aß42) et de protéine tau (forme phosphorylée phospho-tau, et forme totale), sont utilisés en pratique clinique pour l'exploration des troubles cognitifs. Cependant, ils restent peu disponibles, invasifs, coûteux et ne reflètent pas les autres processus sous-jacents de la maladie, tels que la perte synaptique, les dommages axonaux et la neuro-inflammation. De nouveaux biomarqueurs prometteurs ont récemment été développés, incluant des biomarqueurs sanguins, moins invasifs, et des marqueurs des mécanismes non amyloïdes et tau de la MA. L'objectif de cette thèse était d'étudier de nouveaux biomarqueurs candidats de la MA, incluant des marqueurs du LCS et du plasma, spécifiques ou non des lésions amyloïdes et tau, dans une cohorte clinique de centre mémoire. À cette fin, des patients atteints de troubles cognitifs ainsi que des sujets témoins ayant eu un prélèvement de LCS et plasmatique pour l'exploration d'une plainte cognitive, ont été inclus au Centre de Neurologie Cognitive, Université de Paris Cité, France. Dans une première étude, nous nous sommes intéressés à une protéine présynaptique, neuréguline 1, et avons montré que ses taux plasmatiques étaient plus élevés chez les patients MA que ceux retrouvés chez les témoins. Ils étaient associés aux marqueurs synaptiques du LCS et à l'état cognitif, démontrant leur potentiel pour le suivi de l'atteinte synaptique. Nous avons ensuite comparé les taux cérébrospinaux et plasmatiques de deux marqueurs de dommages axonaux : les taux de neurofilaments à chaîne légère (NfL) et à chaîne lourde phosphorylée (pNfH). Nous avons mis en évidence que le dosage des NfL dans le plasma, marqueur le plus étudié dans les troubles neurocognitifs, était aussi performant que leur mesure dans le LCS et qu'il était corrélé aux troubles cognitifs et à l'atrophie cérébrale. Troisièmement, nous avons étudié deux marqueurs de neuro-inflammation. Nous avons démontré que les concentrations plasmatiques de la protéine acide fibrillaire gliale (GFAP), un marqueur d'activation astrocytaire, identifiaient les individus amyloïde-positifs dès les stades précoces de la maladie, dans deux cohortes de recherche, mais également chez nos patients de centre mémoire. Ensuite, nous avons exploré galectine-3 (Gal-3), une protéine microgliale. En analyse neuropathologique, une expression accrue de Gal-3 était observée autour des plaques amyloïdes dans le tissu cérébral. Nous avons démontré que Gal-3 était mesurable dans le LCS et que ses niveaux étaient augmentés dans la MA et corrélaient à d'autres marqueurs neuro-inflammatoires du LCS, ce qui en fait un potentiel marqueur microglial. Finalement, nous avons comparé une série de biomarqueurs plasmatiques pour le diagnostic positif et différentiel de la MA : les mesures plasmatiques de protéine phospho-tau et de GFAP discriminaient correctement les patients avec une MA de ceux atteints d'autres pathologies neurodégénératives, comparés aux niveaux plasmatiques d'Aß42, de tau totale et des NfL. De plus, la combinaison de ces biomarqueurs plasmatiques améliorait leur performance diagnostique dans la MA. En conclusion, les travaux réalisés dans le cadre de cette thèse démontrent que les nouveaux biomarqueurs cérébrospinaux et plasmatiques ont le potentiel de contribuer au diagnostic de la MA. Bien que leur interprétation et les conditions de leur utilisation en pratique clinique doivent encore être précisées, ils permettent de suivre les lésions amyloïdes et tau de manière moins invasive, mais également la perte synaptique, les dommages axonaux et la neuro-inflammation.