Thèse soutenue

Déterminants génétiques de la résistance bactérienne aux bactériophages au cours d'une phagothérapie pulmonaire expérimentale

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Baptiste Gaborieau
Direction : Jean-Damien RicardLaurent Debarbieux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie
Date : Soutenance le 14/10/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Infection, anti-microbien, modélisation, évolution (Paris)
Jury : Président / Présidente : France Mentré
Examinateurs / Examinatrices : France Mentré, Yok-Ai Que, Rozenn Le Berre, Olaya Rendueles Garcia, Sylvain Moineau
Rapporteurs / Rapporteuses : Yok-Ai Que, Rozenn Le Berre

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

La résistance aux antibiotiques est une menace mondiale pour la santé publique. Malgré les plans de lutte contre l'antibiorésistance, la multirésistance ne cesse de progresser et expose à un risque accru d'impasse thérapeutique en médecine humaine. Elle est devenue particulièrement préoccupante au cours des infections associées aux soins à Escherichia coli, et notamment dans le contexte de la réanimation au cours des pneumonies acquises sous ventilation mécanique. Parmi les alternatives à l'antibiothérapie, l'utilisation thérapeutique de bactériophage est une solution prometteuse et efficace. Cependant, la phagothérapie est mise au défi par l'émergence rapide de bactéries développant une résistance aux bactériophages. Les mécanismes de résistance ont pour la plupart été identifiés et étudiés in vitro, tandis que la résistance émergente au cours des traitements de phagothérapie reste mal caractérisée. Ce travail se propose de caractériser sur le plan génomique la résistance bactérienne aux bactériophages au cours d'un traitement par phage dans un modèle murin expérimental de pneumonie aigu à E. coli. Dans un travail de pharmacométrie et de modélisation de la phagothérapie pulmonaire, nous avons mis en évidence plusieurs facteurs clés pour le succès du traitement par phage. En couplant un outil d'imagerie in vivo pour suivre longitudinalement les animaux dans le temps avec un modèle mathématique, nous avons caractérisé l'interaction entre phages et bactéries lors du traitement, par une dose unique du phage virulent 536_P1, d'une pneumonie murine induite par la souche E. coli 536. Le modèle a mis en évidence plusieurs paramètres clés pour l'efficacité thérapeutique des phages, et surtout, souligne le rôle critique d'une population bactérienne réfractaire, comprenant les bactéries inaccessibles aux phages et/ou les bactéries résistantes aux phages. Nous avons ensuite caractérisé sur le plan phénotypique et génomique les clones résistants au phage dans ce même modèle, en comparaison de ceux émergeant au cours d'une culture in vitro en milieu liquide. Nous avons identifié une convergence mutationnelle des deux conditions vers des gènes impliqués dans la biosynthèse d'un composant de la paroi cellulaire (LPS ou capsule K15). Alors que les mutations liées au LPS étaient associées à une perte quasi-totale de virulence, les mutants de la capsule K15 restaient aussi virulents que la souche sauvage. Enfin, certains clones résistants aux phages devenaient sensibles à d'autres phages incapables d'infecter la souche sauvage, suggérant que les cocktails de phages n'ont pas nécessairement besoin d'inclure uniquement des phages, tous capables d'infecter la souche pathogène ciblée. Enfin, nous avons réalisé une caractérisation phénotypique et génomique d'une banque représentative d'une centaine de phages, isolés sur plus de 35 souches d'E. coli, et testée sur une collection de 370 souches représentatives du genre Escherichia. Les bactéries étaient globalement résistantes à l'infection par les phages. Le spectre d'hôte des phages était corrélé à leur proximité génomique. La phylogénie bactérienne ne semblait pas être le déterminant principal du spectre d'hôte au niveau intra-espèce, suggérant un rôle des systèmes de défense et du transfert horizontal de gènes. Ces travaux soulignent l'importance de la résistance bactérienne au bactériophage au cours d'une phagothérapie comme facteur critique d'échec thérapeutique, notamment selon le mécanisme de résistance. Une grande attention devrait être accordée à ces mécanismes au cours de la constitution de cocktails thérapeutiques de phages, notamment chez des patients présentant d'autres facteurs d'échec du traitement (immunodépression, biofilm).