Thèse soutenue

Modulation de l'activation des lymphocytes T et des réponses anti-tumorales par le fer

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Auteur / Autrice : Sarah Porte
Direction : Bruno Martin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 30/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Cochin (Paris ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Sophie Vaulont
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Vaulont, Valérie Dardalhon, Julien C. Marie, Marie-Caroline Dieu-Nosjean
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Dardalhon, Julien C. Marie

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La capacité du système immunitaire à répondre aux antigènes tumoraux a naturellement conduit au développement d'essais thérapeutique chez l'Homme. Dans les années 1990, les premiers essais d'immunothérapie, comme l'utilisation de l'IL-2 ou de l'IFN-alpha n'ont pas été particulièrement encourageant en raison de résultats mitigés et de toxicité collatérale. Cependant, nous savons grâce à ces premiers essais thérapeutiques que l'environnement tolérogène induit par les tumeurs est dominant, empêchant ainsi le système immunitaire de les éliminer. L'un des nombreux mécanismes mis en évidence permettant l'échappement tumoral est l'induction d'une incapacité des cellules T effectrices à répondre à un antigène tumoral, un mécanisme appelé ''exhaustion''. Ce mécanisme est depuis devenu la cible d'essais thérapeutiques. Il existe en effet des points de contrôle du système immunitaire, appelés ''immune checkpoints'', correspondant, entre autres, à l'expression par les cellules T de molécules inhibitrices qui bloquent leurs fonctions effectrices. L'inhibition de ces points de contrôle permet la restauration des fonctions des cellules T effectrices. Révolutionnant le traitement de nombreux cancers comme le mélanome, ces nouvelles immunothérapies (anti-CTLA-4 et anti-PD-1 notamment) augmentent la survie des patients. Malheureusement, seuls 20 à 30% des patients répondent avec succès à ces traitements en développant une réponse immunitaire anti-tumorale efficace. A l'aide de plusieurs approches, nous avons pu mettre en évidence que le fer augmente significativement les réponses des cellules T in vitro et in vivo. In vitro, nous avons observé qu'une supplémentation en fer conduisait notamment à l'augmentation de l'activation et de la prolifération des cellules T CD4+ et CD8+ naïves. In vivo, cet effet ''adjuvant'' se traduit par un fort ralentissement de la croissance de tumeurs transplantées chez la souris. Dans ce contexte, le fer favorise la différenciation / expansion des cellules T effectrices de type I, caractérisées par l'expression du facteur de transcription T-bet ainsi que par leur forte capacité de production d'IFN-gamma. De plus, nous avons observé que la croissance des lignées de cellules tumorales déficientes soit pour la production de l'enzyme ACSL4, soit pour l'expression des récepteurs à IFN-gamma, qui sont des facteurs clés de l'induction de la ferroptose, était moins affectée par la supplémentation en fer après transplantation chez la souris que la lignée contrôle. Ainsi, nos résultats démontrent que la réponse anti-tumorale des cellules T induite par le fer provoquerait la mort des cellules cancéreuses par induction de la ferroptose. En parallèle, nous avons analysé l'effet du fer en conjonction avec une immunothérapie anti-PD1. Nous avons ainsi testé une lignée tumorale connue pour être ''répondeuse'' à l'immunothérapie anti-PD1 et observé qu'une supplémentation en fer augmente considérablement l'efficacité de l'immunothérapie. Nous avons également obtenu des résultats encourageants en utilisant une ligné tumorale dite ''résistante'' à l'immunothérapie anti-PD1 où dans ce cas une supplémentation en fer permet aux souris transplantées de répondre au traitement anti-PD1 et de contrôler ainsi la croissance de ces tumeurs. Enfin, nous avons pu mettre en évidence au sein d'une cohorte de 35 patients atteint de cancer que ceux présentant des taux normaux en fer au début d'un traitement anti-PD1 présentaient une réponse cytokinique pro-Th1 plus forte, 3 semaines après la première injection, que des patients carencés en fer. L'ensemble de ces travaux suggère donc que l'efficacité de l'immunothérapie pourrait être améliorée en augmentant et en modulant la réponse des cellules T avec l'un des éléments chimiques les plus classiques, le fer.