Qualité des soins masso-kinésithérapiques en soins primaires et perspectives d'évolution vers l'accès direct pour les patients
Auteur / Autrice : | Anthony Demont |
Direction : | Aurélie Bourmaud, François Desmeules |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Recherche sur les services de santé |
Date : | Soutenance le 23/11/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Epidémiologie clinique et évaluation économique appliquées aux populations vulnérables (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Christelle Nguyen |
Examinateurs / Examinatrices : Annabelle Couillandre | |
Rapporteur / Rapporteuse : Laurent Pitance, Anne-Marie Schott-Pethelaz |
Résumé
Contexte : La prévalence annuelle des troubles musculosquelettiques est de 77% au sein de la population mondiale, ce qui en fait la principale source de besoins en rééducation et réadaptation. En France, ces troubles représentent la première cause de maladies professionnelles indemnisées. Le professionnel de santé de premier recours pour les patients est le médecin généraliste. Or les besoins de soins de la population sont en constante augmentation, de par le vieillissement de celle-ci. Le nombre de médecins généralistes diminue et les inégalités territoriales d’accès aux soins se renforcent. Dans ce contexte, un accès équitable aux soins et des soins de qualité risque de devenir plus difficiles à garantir. A ce jour, aucune étude n’a évalué en France l’effet de l’introduction de nouvelles pratiques masso-kinésithérapiques dans le parcours de soins des patients atteints de troubles musculosquelettiques et plus spécifiquement la place de l’accès direct à ces professionnels, ni la place de la pratique avancée pour cette profession. Méthode : L’objectif de ce travail de thèse est de décrire les bénéfices et les risques de proposer un modèle de soins intégrant des masseurs-kinésithérapeutes avec un niveau supérieur d’autonomie dans la gestion de la prise en charge de ces patients en France. Pour cela, ont été réalisées : a) une revue systématique des études comparant le modèle de soins primaires dirigé par un médecin généraliste à celui d’accès direct à un masseur-kinésithérapeute ; b) une méta-analyse évaluant l’efficacité des interventions des masseurs-kinésithérapeutes pour la prise en charge des céphalées cervicogéniques, c) une étude transversale décrivant les pratiques d’orientation vers les soins masso-kinésithérapiques des médecins généralistes ; et d) une enquête évaluant l’acceptabilité de la population à recourir en accès direct à un masseur-kinésithérapeute. Résultats : Ce travail de thèse a permis de mettre en évidence des bénéfices en matière d’efficacité clinique, d’utilisation des ressources en soins de santé et des coûts de santé pour un modèle d’accès direct à un masseur-kinésithérapeute comparativement à celui orienté par un médecin généraliste. En matière d’efficacité des soins masso-kinésithérapiques, dans le cadre spécifique des céphalées cervicogéniques, la thérapie manuelle à court terme et les exercices cervicaux à long terme ont été évalués comme efficaces. Les prescriptions de masso-kinésithérapie rédigées par les médecins généralistes traduisent une faible connaissance des pratiques de ce corps de métier et sont insuffisantes pour déterminer la prise en charge des patients. Les prises en charges proposées par les masseurs-kinésithérapeutes présentent quant à elles une bonne concordance aux recommandations de bonnes pratiques. Enfin, la majeure partie de la population française étudiée estime que le masseur-kinésithérapeute est compétent pour être un professionnel de santé de premier recours et a confiance dans sa capacité à diagnostiquer et traiter les patients atteints de troubles musculosquelettiques. La sous-population ayant précédemment reçu des soins de masso-kinésithérapie a globalement rapporté être satisfaite de la qualité des soins fournis. Conclusion : Cette thèse suggère que l’augmentation de l’autonomie des masseurs-kinésithérapeutes dans la prise en charge des patients atteints de troubles musculosquelettiques pourrait être une perspective innovante d’optimisation de leurs parcours. Des études de haute qualité méthodologique avec de grands échantillons représentatifs de ceux observés dans la pratique clinique doivent être menées pour consolider ces résultats.