Thèse soutenue

Rôle des sites de clivages protéolytiques de la protéine de spicule du Coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2)

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Auteur / Autrice : Stacy Gellenoncourt
Direction : Lisa Chakrabarti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Infectiologie
Date : Soutenance le 15/04/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Virus et Immunité
Structure de recherche : Institut Pasteur. Département de Virologie (2006-….)
Jury : Président / Présidente : Sylvie Van der Werf
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Coutard, Pierre-Yves Lozach

Résumé

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Récemment, la pandémie liée au SARS-CoV-2 a engendré une crise sanitaire mondiale. L'une des caractéristiques marquantes de ce virus est l'insertion d'un site de clivage polybasique pour la furine entre les deux sous-unités S1 et S2 de la protéine de surface spike. Le clivage du site S1/S2 régule l'entrée virale, en permettant la survenue d'un second clivage en S2' qui va libérer l'extrémité N-terminale du peptide de fusion. Il est d'autant plus important d'étudier le processus de clivage de la spike, sachant que les variants majeurs du SARS-CoV-2 tels qu'Alpha et Delta présentent des mutations proches du site S1/S2 qui modulent l'infectivité virale. Lors de cette étude, nous avons généré une série de spike mutées dans les sites S1/S2 et S2', qui ont été analysées pour leur capacité fusogène dans un test de fusion cellule-cellule, et pour leur effets sur l'infectivité dans un système de pseudotypes lentiviraux. Nous montrons que la délétion du site S1/S2 rend la spike non fusogène, mais que par contre les pseudotypes portant ces spikes mutantes restent infectieux sur des cellules HEK exprimant le récepteur ACE2, que le corécepteur TMPRSS2 soit présent ou non. Cette dissociation des deux phénotypes peut s'expliquer par l'utilisation d'une voie d'entrée endosomale dépendante des cathepsines par les pseudotypes. De façon intéressante, les mutants ne comprenant plus qu'une seule arginine en S1/S2 ne sont pas fusogènes sur cellules HEK-ACE2, mais le restent sur cellules HEK-ACE2-TMPRSS2, ce qui suggère que TMPRSS2 peut cliver la spike à la place de la furine lorsque qu'un caractère polybasique du site de clivage est perdu. Une analyse des particules de pseudotypes par western blot montre que la présence d'une séquence polybasique au S1/S2 limite l'incorporation de la spike, du fait du relargage de certaines des sous-unité S1 préclivées lors de la production des particules virales. La préactivation de la spike par clivage au site furine a donc pour contrepartie une instabilité accrue de ces particules, ce qui limite le pouvoir infectieux sur cellules HEK-ACE2. Les mutations P681H et P681R, portées respectivement par les variants Alpha et Delta, rendent le site S1/S2 encore plus basique et plus efficacement clivé, comme le montre l'analyse par Western blot. Cela se traduit par une capacité fusogène accrue, ce qui pourrait contribuer au pouvoir pathogène accru de ces variants. Nos recherches actuelles visent à caractériser les mutations stabilisatrices qui évitent une perte trop rapide de la sous-unité S1 préclivée, et permettent aux variants de conserver un fort pouvoir infectieux. De plus, nous analysons le degré de clivage dans des particules virales authentiques du SARS-CoV-2 et de ses variants, ceci dans un système plus physiologique d'infection en épithélium nasal humain reconstitué. Enfin, nous avons participé à une étude de protéomique par approche N-terminomics qui a permis d'identifier de nouveaux sites de clivages dans la spike au cours d'une infection par le SARS-CoV-2. Ces travaux ouvrent la perspective de comprendre le rôle de ces clivages additionnels, qui pourraient contribuer à un nouveau mécanisme de défense cellulaire par inactivation protéolytique des protéines virales entrantes.