Thèse soutenue

Social and reproductive conflicts between the sexes in mandrills

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Auteur / Autrice : Nikolaos Smit
Direction : Elise HuchardMarie Charpentier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'évolution et de la Biodiversité
Date : Soutenance le 30/09/2022
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Claire Doutrelant
Examinateurs / Examinatrices : Elise Huchard, Marie Charpentier, Claire Doutrelant, Michael A. Cant, Margaret C. Crofoot, Oliver P. Höner
Rapporteurs / Rapporteuses : Michael A. Cant, Margaret C. Crofoot

Mots clés

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Résumé

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Les conflits socio-sexuels entre les sexes peuvent façonner les systèmes sociaux et reproducteurs chez de nombreuses espèces animales. L’asymétrie de pouvoir entre les sexes, souvent liée à un fort dimorphisme sexuel en faveur des mâles, permet souvent aux mâles de dominer socialement les femelles et d'utiliser des stratégies sexuelles coercitives pour leur imposer leurs choix. Cependant, les femelles peuvent résister aux stratégies des mâles par des adaptations comportementales, comme en sollicitant l'aide de partenaires sociaux. De telles stratégies femelles pourraient être répandues, mais leur étude exige une collecte systématique de données sur de longues périodes. Cette thèse examine la nature des relations socio-sexuelles chez les femelles et les mâles mandrills (Mandrillus sphinx), grâce à une base de données de long-terme. Les mandrills sont des primates d’Afrique Centrale vivant dans de grands groupes polygynandres et présentant un dimorphisme de taille extrêmement biaisé en faveur des mâles. Pourtant, les femelles, qui sont philopatriques chez cette espèce, montrent des relations sociales hautement différenciées et forment parfois des coalitions contre les mâles migrants dans leur groupe. Ainsi, l'étude des conflits socio-sexuels entre les sexes et de l'influence du paysage social sur ces conflits apparaît très pertinente chez cette espèce. Le premier chapitre étudie la dynamique de dominance entre les sexes (Chapitre 1). De récentes études ont dessiné un paysage dynamique avec plusieurs facteurs 'influençant les relations de dominance entre les sexes, tandis que la compréhension des processus évolutifs favorisant la dominance d’un sexe sur l’autre reste fragmentaire. Les mandrills femelles dominent, en moyenne, 11% des mâles adultes, tandis que la hiérarchie intersexuelle constitue, elle, une interdigitation des hiérarchies intrasexuelles mâles et femelles. De plus, l'intégration sociale dans le réseau des femelles favorise le statut de dominance des deux sexes: les individus les mieux intégrés socialement ont un statut de dominance plus élevé. Les deux autres chapitres étudient l'expression et la nature de la coercition sexuelle (Chapitre 2) et l'effet de l'intégration sociale d'une femelle sur la coercition qu'elle subit de la part des mâles (Chapitre 3). Les mandrills mâles semblent utiliser une forme de coercition sexuelle consistant à agresser les femelles de façon répétée, parfois longtemps avant leur période de fertilité, afin d'améliorer leur succès d'accouplement à long terme, à savoir de l’intimidation sexuelle. L'intimidation sexuelle n'a été montrée auparavant que chez deux autres espèces de primates, mais ces résultats suggèrent que cette stratégie pourrait être répandue chez les mammifères sexuellement dimorphiques et vivant en grands groupes multimâles-multifemelles. Par ailleurs, les femelles de rang supérieur et les plus intégrées socialement (avec des mâles ou d'autres femelles) semblent recevoir plus de coercition de la part des mâles, principalement de la part de leurs partenaires sexuels et des mâles de haut rang. Ce travail montre que les mâles et les femelles peuvent varier dans leurs propensions à utiliser ou à recevoir la coercition sexuelle, respectivement, et les femelles semblent faire l'expérience de compromis entre leurs relations d'affiliation et la coercition sexuelle qu'elles subissent de la part des mâles. De manière générale, les relations intersexuelles semblent représenter une course aux armements entre les sexes pour, entre autres, le contrôle de la reproduction, une ressource déterminante dans le fonctionnement de la sélection naturelle (et sexuelle).