Thèse soutenue

Du changement climatique au « reporting climat » : entre connaissances scientifiques et réponses des entreprises aux attentes de la société

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Bastien David
Direction : Sophie Giordano
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion et du management
Date : Soutenance le 25/11/2022
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Montpellier Research in Management
Jury : Président / Présidente : Gérald Naro
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Giordano, Gérald Naro, Stéphane Trébucq, Paul André, Clément Feger, Tiphaine Jerome
Rapporteur / Rapporteuse : Stéphane Trébucq, Paul André

Résumé

FR  |  
EN

Si cette nouvelle décennie débute avec de nombreuses promesses, les 45 dernières années furent contrastées entre les tentatives de réfuter l’existence du changement climatique et celles d’organiser sa résilience à travers des séries de rassemblements environnementaux internationaux tels que le protocole de Kyoto (1997), la COP 21 (2015) ou la COP 26 (2021). En effet, depuis les années 2000, la réglementation s’est renforcée et de nombreux standards volontaires (GRI, CDP, IIRC, TCFD) ont vu le jour pour venir compléter le cadre règlementaire existant tout en répondant aux attentes de la société. L’objectif général de la thèse est de réaliser un lien entre les connaissances scientifiques, les attentes de la société et les réponses institutionnelles des entreprises à travers le reporting climat autour du réchauffement climatique. La thèse est constituée de trois articles de recherche ayant un objet d’étude commun : le reporting climat. Les trois études empiriques de cette thèse abordent différentes dimensions de cet objet d’étude. Dans les trois études, l’unité d’analyse considérée est l’entreprise. Le premier chapitre (article 1) examine comment le secteur du transport aérien se conforme au cadre de la TCFD, considéré comme un véhicule traduisant les connaissances scientifiques du GIEC sur le changement climatique. Sur la base de critères environnementaux, notre échantillon représente plus de 65 % des émissions totales du secteur. Les divulgations sur les enjeux climatiques de vingt-quatre compagnies aériennes sont analysées sur la période 2015-2018. Bien que la qualité du reporting climat s’est améliorée de 2015 à 2018 (deux ans avant et deux ans après la publication du cadre), notre étude documente le fait que sa conformité aux recommandations de la TCFD est faible, spécifiquement concernant les stratégies des entreprises de lutte contre le changement climatique. Le deuxième chapitre (article 2), à partir d’informations relevant du reporting climat, explore la notion de connectivité entre le reporting financier et extra-financier à l’aide des propositions de l’EFRAG (2021) fondées sur la taxonomie européenne (2020). Une étude exploratoire des pratiques des firmes de l’indice CAC40ESG est réalisée et une étude approfondie de la connectivité directe est réalisée. Les résultats mettent en évidence une faiblesse générale de la connectivité et un manque d’uniformité dans la comptabilisation de la connectivité directe. L’article propose ensuite une discussion sur les conditions futures d’un renforcement de cette connectivité dans l’objectif d’un reporting qui encouragerait les comportements vertueux. Le troisième chapitre (article 3), dans une perspective compréhensive et interprétative, s’intéresse à la construction et à l’utilisation du reporting climat ainsi qu’à l’utilisation des connaissances scientifiques pour crédibiliser les informations présentées. Obtenus à partir d’entretiens semi-directifs avec des rédacteurs et des lecteurs du reporting climat, nos résultats montrent que les rédacteurs subissent des pressions multiples pour réaliser ce reporting et que ces pressions se sont accélérées depuis les COP 21 et 26. Cependant, avec la variété de standards et le manque d’harmonisation des pratiques, le reporting climat reste encore difficile à lire et nécessite de nombreux retraitements de la part les lecteurs des rapports. L’ensemble de ces résultats montrent que le reporting climat est en constante évolution, mais il doit encore s’étoffer pour véritablement refléter les actions des entreprises dans la lutte contre le changement climatique.