Thèse soutenue

Production d'anticorps par des cellules non-immunitaires

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Alice Capuz
Direction : Michel Salzet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 05/12/2022
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Protéomique, Réponse Inflammatoire, Spectrométrie de Masse (PRISM)
Jury : Président / Présidente : Patrick Vermersch
Examinateurs / Examinatrices : Chiara Guerrera, Vincent Sobanski, Franck Rodet, Philippe Marin
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélène Castel, Virginie Redeker

Résumé

FR  |  
EN

La moelle épinière est l'une des parties les plus importantes du système nerveux central (SNC). Cependant, celle-ci peut être sujette à des lésions allant de la contusion à la section, à la suite d'accidents de la route, d'agressions physiques, de chutes, etc. Malheureusement, aucun traitement efficace n'est réellement connu à ce jour. Dans ce contexte, il est important de caractériser les mécanismes moléculaires mis en jeu lors de cette physiopathologie. Pour cela, une étude protéomique spatio-temporelle sur des rats présentant une lésion de la moelle épinière (LME) a été réalisée. Celle-ci a permis de mettre en évidence que la région rostrale localisée en amont de la lésion synthétise des facteurs impliqués dans la neurogenèse ; alors que sur le site de lésion et la région caudale localisée en aval de la lésion, les facteurs produits sont de nature inflammatoire. De façon surprenante, cette étude a également montré que les sécrétomes issus des cultures organotypiques de ces différents segments de la LME contiennent des immunoglobulines Gamma (IgG), d'isotypes IgG1, IgG2A, IgG2B et IgG2C. Celles-ci apparaissent dès 12 h après lésion. Or, lors d'une réponse adaptative conventionnelle, la production d'IgG par les lymphocytes B nécessite 7 à 8 jours. Bien qu'actuellement, il soit considéré que seuls les lymphocytes B soient capables de produire des IgG, cette expression précoce soutient l'idée que ces Igs pourraient être produites par des cellules résidentes du SNC. Ainsi, le but de cette thèse a été d'identifier la source de ces Igs et de déterminer leur rôle lors d'une LME. Au cours de ce travail, nous avons montré que des Igs peuvent être produites au sein même du système nerveux central par les neurones et les astrocytes. En effet, à l'aide d'analyses multi-omiques, nous avons révélé l'expression constitutive des chaînes lourdes IgG2C et IgG2B dans les neurones et les astrocytes respectivement. Lorsque nous nous sommes intéressés à la chaîne lourde IgG2B dans les astrocytes, des études de surexpression et d'invalidation ont montré un rôle de cette IgG dans le maintien de l'identité des astrocytes. Ces Igs se sont révélées particulières, car elles ne présentent pas une forme classique, mais plutôt une forme aberrante. C'est-à-dire des parties variables et constantes aussi bien pour la chaîne lourde IgG que pour la chaîne légère Kappa qui sont produites de façon indépendante. Nous avons pu montrer par des études fonctionnelles que ces Igs présenteraient un rôle dans la conservation du phénotype astrocytaire et seraient impliquées dans la neurogénèse et la repousse neuritique. Ces nouvelles immunoglobulines peuvent être nommées les « Igs dérivées des cellules neurales ». Ces résultats renforcent les dernières recherches montrant que les Igs peuvent produire par d'autres cellules que les cellules B. En conclusion, l'ensemble de ces travaux a permis de mettre en évidence une nouvelle classe d'Igs issu de cellules non-B, ouvrant la porte à des recherches portant sur leurs rôles et leurs cibles au sein du SNC dans des conditions physiologiques normales ou physiopathologiques.