Thèse soutenue

Rôle de la fonction primaire du greffon d'îlots pancréatiques et impact sur le succès de la transplantation d'îlots pancréatiques

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Auteur / Autrice : Mikaël Chetboun
Direction : Francois Pattou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chirurgie viscérale et digestive
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Récepteurs nucléaires, maladies cardiovasculaires et diabète (Lille) - Recherche translationnelle sur le diabète - U 1190
Jury : Président / Présidente : Marc Hazzan
Examinateurs / Examinatrices : Thomas Hubert, Lionel Badet
Rapporteurs / Rapporteuses : Michael R. Rickels, Lorenzo Piemonti

Résumé

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La transplantation d'îlots de Langerhans (TIL) allogénique intrahépatique, issus des cellules d'un pancréas de donneur cadavérique est une thérapie validée de remplacement des cellules β du diabète de type 1 (DT1) sévère et permet de restaurer la sécrétion endogène d'insuline, diminuent les hypoglycémies sévères et maintiennent un équilibre glycémique optimale.Une étude récente montre des bénéfices métaboliques durables (≥20 ans) chez les patients greffés avec un greffon fonctionnel.Cependant, dans les 5 premières années, la moitié des patients connaissent une perte du greffon comme rapporté dans le registre international (CITR).Cet échec est multifactoriel et dépend des caractéristiques du donneur, du receveur, de l'isolement, de la transplantation et de l'immunosuppression.Notre travail s'est concentré sur l'optimisation de la TIL et sur le rôle prédictif de la fonction primaire du greffon d'îlots (PGF). Nous avons exploré sur la cohorte lilloise, la relation entre le PGF et les résultats de la TIL à 5 ans chez les receveurs de greffe d'îlots seuls (14 ITA) et de greffe d'îlots après rein (14 IAK).La PGF, mesuré par le Beta-score un mois après la dernière infusion était optimale chez 18 patients (64%) (Beta-score ≥7) et suboptimale chez 10 patients (36%) (Beta-score <7).82 % (IC95 %, 62-92) des patients ont bénéficié d'une survie du greffon et 39%(22-57) étaient insulino-indépendants à 5 ans. Les patients avec une PGF optimale avaient une survie prolongée du greffon à 5 ans par rapport à ceux présentant une PGF sous-optimale : 100 % vs 50 % (18-75), respectivement (P <0,001).56%(31-75) vs 10%(1-36) de ces patients (P < 0,001) étaient insulino-indépendants à 5 ans, respectivement. Les patients avec une PGF sous-optimale avaient un risque 6 fois plus élevé de reprise de l'insuline, et 13 fois plus élevé de perte du greffon à 5 ans.28%(13-45) des patients étaient insulino-indépendants et 78%(57-89) avaient un greffon fonctionnel à 10 ans. La PGF optimale était associée au succès durable de la TIL à 10 ans. Le type de receveur (ITA/IAK) n'avait pas d'impact sur le succès.Ensuite, nous avons participé au raffinement de la définition du succès des stratégies de remplacement des cellules β, en appliquant les données de la surveillance continue du glucose (CGM) collectées pendant 10 ans chez 39 patients ITA et 16 IAK diabétiques et comparées aux quatre catégories de succès.Après la TIL, le temps médian (IQR) passé dans l'intervalle glycémique recommandé (70-180 mg/dL) s'est progressivement et significativement amélioré et le temps passé en dessous de cette limite (HYPO <70 mg/dL) a significativement diminué, et ce graduellement dans les catégories croissantes de succès de la greffe nous permettant d'affiner la définition du succès en incluant les mesures du CGMS.Enfin, nous avons exploré la plus grande population de transplantés d'îlots dans le registre international du CITR chez 1210 patients. La PGF a confirmé être liée au succès de la TIL à 5 ans et cette association était linéaire, avec une réponse dose-dépendante et indépendamment du nombre d'infusions, de la masse totale d'îlots transplantés et du régime d'immunosuppression. La PGF, mesurée 28 jours après la dernière infusion, permettait de prédire le résultat de la TIL avec une bonne précision.En conclusion, la PGF pourrait influencer la pratique clinique actuelle en informant, un mois après la dernière infusion d'îlots, la décision de répéter ou non une nouvelle infusion et pourrait servir de critère de jugement précoce dans les essais futurs.Des études cliniques récentes en cours ont rapporté le premier patient traité par transplantation intraportale de « d'îlots » pancréatiques dérivés de cellules souches et ont montré une amélioration significative du contrôle glycémique.La PGF pourrait ainsi permettre d'identifier la dose nécessaire et optimale de cellules souches à transplanter pour atteindre un succès métabolique durable chez les patients diabétiques.