Thèse soutenue

Sélection équilibrante, fardeau génétique et dominance entre allèles d'auto-incompatibilité chez Arabidopsis : étude empirique et théorique d'un ménage à trois

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Audrey Le Vève
Direction : Vincent CastricXavier Vekemans
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie de l'environnement, des organismes, des populations, écologie
Date : Soutenance le 22/03/2022
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la matière, du rayonnement et de l'environnement (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Evolution, Ecologie et Paléontologie (Evo-Eco-Paléo)
Jury : Président / Présidente : Violaine Llaurens
Examinateurs / Examinatrices : Juliette de Meaux, Eléonore Durand
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvain Glémin, Dan Schoen

Résumé

FR  |  
EN

L'auto-incompatibilité sporophytique est un système génétique empêchant l'autofécondation par reconnaissance du soi. Chez de nombreuses espèces, ce système est contrôlé par un locus unique, le locus S, composé de deux gènes liés codant pour les protéines de reconnaissance du pistil et du pollen. Le locus d'auto-incompatibilité est un cas classique d'une forme particulière de sélection équilibrante appelée sélection fréquence dépendante négative. Cette forme de sélection est censée provoquer une accumulation de polymorphisme dans les régions flanquantes du locus S, y compris des mutations délétères. Chez les Brassicacea, ce système présente une hiérarchie de dominance linéaire entre les allèles S. Ce réseau de dominance est contrôlé par des interactions entre les allèles S. Ce réseau de dominance est contrôlé par des interactions entre les petits ARN liés aux allèles S dominants et leurs séquences cibles sur les allèles récessifs du gène contrôlant les spécificités polliniques SCR. Il est prédit que le niveau de dominance a un effet sur l'accumulation de polymorphismes dans les régions immédiatement liées au locus S, avec une accumulation plus importante de la charge génétique par les allèles S dominants que par les allèles S récessifs.Dans mon projet de thèse, j'ai d'abord étudié l'effet de la sélection équilibrante au locus S sur le polymorphisme dans les régions flanquantes afin de déterminer l'ampleur du pic de polymorphisme et de caractériser ses propriétés moléculaires. J'ai utilisé les données de reséquençage du génome entier de plusieurs populations d'A. halleri et d'A. lyrata pour déterminer spécifiquement la distance chromosomique jusqu'à laquelle l'effet du locus S peut encore être observé. J'ai observé une augmentation du polymorphisme dans les premiers 25kb autour du locus S, principalement expliquée par une augmentation de la proportion de sites polymorphes.J'ai ensuite testé si la dominance des allèles S influence la charge génétique qu'ils accumulent. J'ai combiné une approche génomique utilisant des trios parents-descendant pour mettre en phase les haplotypes liés au locus S et comparer le nombre de mutations délétères liées aux allèles S dominants vs récessifs, avec une approche phénotypique pour mesurer expérimentalement l'impact de cette charge génétique protégée. J'ai démontré que la dominance favorise des profils contrastés de la charge génétique entre les allèles S récessifs et dominants.Enfin, j'ai utilisé une approche de modélisation basée sur des simulations stochastiques pour prédire l'évolution du réseau de dominance entre les allèles S, en prenant explicitement en compte les interactions entre les petits ARN et leurs cibles SCR. Mes résultats montrent que les mutations ont des probabilités de fixation différentes selon qu'elles se produisent sur des allèles S dominants ou récessifs, et aussi selon qu'elles touchent le locus producteur de petits ARN ou ses sites cibles. La distribution de la charge génétique abritée entre les allèles S dominants et récessifs est également un déterminant important de l'évolution du réseau de dominance.