Le fleuve, espace interstitiel de la métropolisation : Nahr Beyrouth, entre néolibéralisation et formes de résistance urbaine
Auteur / Autrice : | Nadine Fayad |
Direction : | Marc Dumont, Bénédicte Grosjean |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Aménagement du territoire |
Date : | Soutenance le 12/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Territoires, Villes, Environnement & Société (TVES) |
Jury : | Président / Présidente : Hervé Flanquart |
Examinateurs / Examinatrices : Patrizia Ingallina, Serge Yazigi | |
Rapporteur / Rapporteuse : Christiane Sfeir, Liliane Buccianti |
Mots clés
Résumé
Cette thèse s'intéresse à la place du fleuve Nahr Beyrouth dans la ville de Beyrouth dont la métropolisation est qualifiée d'''indirecte'' et ''inachevée'', et issue d'un régime politique et économique qu'est le néolibéralisme. Nahr Beyrouth, dans sa partie urbaine, illustre un fort contraste entre un fleuve a priori très délaissé, marginalisé dans l'espace, mais dans le même temps fortement lié à la ville, à son histoire, et qui constitue un espace central dans la ville de Beyrouth. Il apparait alors comme un espace central dans la ville de Beyrouth. Cette dialectique centralité/marginalité pensée à partir du fleuve est replacée dans une mise en perspective urbano-historique qui problématise dans un premier temps la recherche. Deux questions principales de recherche se posent : Quelle place en tension prend le fleuve ? Et pour quelles raisons ? Qu'elle soit ‘'indirecte'' ou ‘'inachevée'', la métropolisation à Beyrouth est issue d'une culture néolibérale où l'élite dominante contrôle le processus de développement en détenant ou en investissant dans l'immobilier. Dans ce contexte, la thèse développe un questionnement plus spécifique : Comment le processus de métropolisation, issu de la néolibéralisation a affecté l'espace fluvial ? Quelles logiques, quelles dynamiques socio-spatiales prennent place au bord de cet espace fluvial ? A partir de la littérature scientifique, la recherche établit que le néolibéralisme est la face dominante de la métropolisation de laquelle émergent des interstices urbains dans la ville. Suite à son statut dévalorisé et marginalisé, des logiques néolibérales prolifèrent sur ces interstices urbains. La recherche pose l'hypothèse qu'en opposition à cette domination néolibérale, des formes de résistance urbaine, agissant pour le ''droit à la ville'', peuvent s'affirmer sur l'interstice urbain, Dans cette logique, un autre pan de la littérature scientifique ajoute à la notion d'interstice un aspect alternatif, transformatif dont il peut faire preuve dans les espaces urbains.Étant donné qu'il est considéré comme un espace résiduel, voir un espace ''produit'' par la métropolisation ''indirecte/inachevée'' de Beyrouth, une enquête exploratoire vérifie cette hypothèse. Cette dernière a été menée sur les rives du fleuve Nahr Beyrouth. Elle a permis d'identifier des logiques néolibérales et des logiques résistantes au néolibéralisme sur les 5.2 kilomètres des rives du fleuve, dans sa partie urbaine. Douze situations spatiales sélectionnées dévoilent soit domination d'une culture néolibérale soit des formes de résistance urbaine cachées. La confrontation de ces deux logiques met Nahr Beyrouth en tension. L'enquête exploratoire met également en lumière la présence de formes de résistance urbaine ''indirectes'' et ''cachées'' pour un droit à la ville qui se manifestent au sein de l'interstice urbain. Cette résistance apparait dans des pratiques qui cherchent à préserver une mémoire et dans des pratiques qui proposent des solutions aux crises que la ville de Beyrouth traverse aujourd'hui.