Conséquences sociales et cognitives de l’incorporation des contextes socioculturels de classe sociale dans le soi

Social and cognitive consequences of incorporating social class contexts into the self

• Auteur / Autrice : Mehdi Marot
• Direction : Jean-Claude Croizet
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Psychologie
• Date : Soutenance le 15/02/2022
• Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Céline Darnon, Nicole Stephens, Vincent Yzerbyt
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Klein, Odile Hirschauer-Rohmer

Mots clés

Mots clés contrôlés

Présentation de soi

Psychologie

Classes sociales

Mots clés libres

Contextes socioculturels de classe sociale

Soi

Social class contexts

Self

Résumé

Cette thèse a pour ambition d’alimenter la littérature sur les conséquences de l’expérience chronique de contextes socioculturels de classe sociale sur le fonctionnement psychologique. Dans le prolongement de l’analyse socioculturelle des classes sociales, nous considérons les contextes de classe sociale comme des vecteurs de production de dispositions à percevoir et agir sur le monde. Les pratiques, normes et implicites qui constituent les contextes de classe sociale sont incorporées par les individus sur le long terme, contaminant la manière dont ils appréhendent l’information. Cette influence serait catalysée à travers la construction d’un soi socioculturellement situé. Ainsi, les individus de classe favorisée auraient tendance à construire des représentations de soi en majorité indépendantes (i.e., relativement dénuées d’éléments liés au contexte d’acquisition) et ceux de classe populaire à construire des représentations de soi en majorité interdépendantes (i.e., relativement chargées d’éléments liés au contexte d’acquisition). Nous avons investigué le rôle de la classe sociale (et des représentations de soi in(ter)dépendantes) sur deux volets, un volet motivationnel relatif aux besoins de similarité et de distinction ainsi qu’un volet relatif à une fonction cognitive de plus bas niveau que représente le déploiement attentionnel.Au sein du premier volet, les résultats de la première étude suggèrent que les individus de classe populaire, ont un besoin de similarité plus élevé et un besoin de distinction moins élevé que leurs homologues de classe favorisée, synonyme de représentations de soi davantage interdépendantes (vs. Indépendantes). Sur la base de travaux qui attribuent un caractère universel au besoin de distinction élevé, l’étude 2 (non réalisée) a pour objectif de montrer que lorsqu’ils ont possibilité de nourrir leur besoin de distinction, les individus de classe favorisée le font à travers l’indépendance (i.e., par des caractéristiques uniques) alors que ceux de classe populaire le font par une voie compatible avec leur interdépendance (i.e., par une position sociale donnée dans un groupe social donné). L’étude 3 (non réalisée) a elle pour objectif de montrer que les inégalités économiques agissent comme un modérateur qui accentue les différences de classe sociale sur les voies privilégiées utilisées pour nourrir le besoin de distinction.Dans le second volet, l’objectif était de montrer que la classe sociale mène au développement d’une manière de développée son attention visuelle par défaut, c’est-à-dire de manière plus focalisée pour les individus de classe populaire et plus diffuse pour ceux de classe favorisée. Les résultats de l’étude 4 suggèrent que les individus de classe populaire ont tendance à déployer par défaut une attention visuelle davantage diffuse que leurs homologues de classe favorisée qui ont tendance à déployer par défaut une attention visuelle davantage focalisée. Les résultats de l’étude 5, au sein de laquelle nous avons manipulé temporairement le médiateur supposé de nos différences de classe sociale (i.e., le type de représentations de soi chroniquement actives), montrent que les individus amorcés par l’interdépendance déploient une attention visuelle davantage diffuse que ceux amorcés par l’indépendance. Au sein des études 6a et 6b nous avons manipulé un autre médiateur potentiel des effets obtenus à l’étude 4, à savoir le sentiment de menace évaluative. Les résultats montrent que l’effet de la classe sociale, qui réplique celui trouvé dans l’étude 4, n’est pas modéré par la magnitude de menace évaluative. Enfin les études 7 et 8, non réalisées, ont pour objectif d’évacuer l‘hypothèse alternative selon laquelle les effets de classe sociale sur le degré de diffusion attentionnelle sont en réalité expliqués par des différences de capacité de mémoire de travail ou d’intelligence fluide. (...)

This work aims to contribute to the literature on the consequences of the chronic experience of social class contexts on psychological functioning. In line with the sociocultural analysis of social class, we consider social class contexts as vectors for the production of dispositions to perceive and act on the world. The practices, norms and expectations that constitute social class contexts are incorporated by individuals in the long run, contaminating the way they apprehend information. This influence would be catalyzed through the construction of a socioculturally situated self. Thus middle-class would tend to develop mostly independent self-representations (i.e., with relatively few elements linked to the context of acquisition) and those from a working-class would tend to develop mostly interdependent self-representations (i.e., with many elements linked to the context of acquisition). We investigated the role of social class (as well as interdependent self-representations) on two levels, a motivational level related to the needs for similarity and distinction and a level related to a lower level cognitive function, namely attentional deployment.Within the first level, the results of the first study suggest that working-class individuals have a greater need for similarity and a lesser need for distinction than their middle-class counterparts, reflecting more interdependent (vs. independent) self-representations. Based on previous work that stipulates the universal nature of a high need for distinction, study 2 (not conducted) aims to show that when they have the opportunity to nourish their need for distinction, middle-class individuals do so through independence (i.e., through unique characteristics) whereas working-class individuals do so through a pathway consistent with their interdependence (i.e., through a given social position within a given social group). Study 3 (not conducted) aims to show that economic inequality acts as a moderator that accentuates social class differences in the preferred pathways used to nourish the need for distinction.In the second part, the objective was to show that social class leads to the development of a way of developing one's visual attention by default, i.e. in a more focused way for working-class individuals and in a more diffuse way for those from working-classes. The results of Study 4 suggest that working-class individuals tend to deploy by default a more diffuse visual attention than their middle-class counterparts who tend to deploy by default a more focused visual attention. Results from Study 5, in which we temporarily manipulated the putative mediator of our social class differences (i.e., the type of chronically active self-representations), show that interdependence-primed individuals deploy a more diffuse visual attention than independence-primed individuals. Within Studies 6a and 6b we manipulated another potential mediator of the effects obtained in Study 4, namely the evaluative threat. The results show that the effect of social class, which replicates that found in Study 4, is not moderated by the magnitude of evaluative threat. Finally, studies 7 and 8, which were not conducted, were designed to circumvent the alternative hypothesis that social class effects on the degree of attentional diffusion are actually explained by differences in working memory capacity and/or fluid intelligence. Through the use of an attentional blink task, for which a more diffuse attentional deployment is beneficial for performance and whose performance is not associated with working memory capacity or fluid intelligence, we hypothesize that working-class and interdependence-primed individuals would perform better than middle-class and independence-primed individuals. (...)