Le potentiel neuromodulateur du microbiote intestinal : identification de nouvelles stratégies thérapeutiques dans le traitement de la douleur viscérale
Auteur / Autrice : | Sandie Gervason |
Direction : | Frédéric Carvalho, Edith Filaire |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie |
Date : | Soutenance le 02/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Neuro-Dol (Clermont-Ferrand) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Corinne Malpuech-Brugere, Gilles Dietrich |
Rapporteur / Rapporteuse : Moïse Coëffier, Nathalie Rolhion |
Mots clés
Résumé
Les douleurs abdominales chroniques, un symptôme partagé par de nombreux patients atteints de pathologies gastro-intestinales comme le Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) ou les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI), représentent un motif de consultation récurrent en gastroentérologie et pour lesquels les traitements sont limités et souvent peu efficaces. Dans ce contexte, la recherche de nouvelles stratégies thérapeutiques constitue une priorité. Le microbiote intestinal tient une place centrale puisque les progrès en matière de séquençage ont permis de révéler une altération de sa composition chez ces patients. Alors que certaines espèces bactériennes prolifèrent, d’autres au contraire voient leur population s’effondrer et leur rôle dans la santé de l’hôte est aujourd’hui fortement envisagé. En plus de restaurer la barrière épithéliale intestinale et de moduler la réponse inflammatoire, certaines bactéries bénéfiques participent activement au dialogue « microbiote-intestin-cerveau » et pourraient, en interagissant directement avec le système nerveux, moduler le processus douloureux. Ainsi, le potentiel thérapeutique du microbiote intestinal ouvre le champ à une nouvelle classe de médicaments : les probiotiques de nouvelle génération.Mes travaux avaient pour objectif de révéler le potentiel neuromodulateur du microbiote intestinal et de sélectionner un candidat bactérien capable de réduire l’hypersensibilité viscérale d’origine colique (HSVC) dans plusieurs modèles murins de douleur viscérale. L’établissement d’une collection de souches anaérobies et la mise au point d’une méthode de screening à haut débit a permis, d’une part, de révéler les propriétés neuromodulatrices de souches bactériennes mais aussi de sélectionner la souche Parabacteroides distasonis F1-2 pour ses propriétés neuro-inhibitrices sur des cellules neuronales immortalisées mais aussi sur des cultures primaires de neurones issus de DRG de rat.Le second objectif de ma thèse a été de déterminer si l’effet neuro-inhibiteur de la souche F1-2 pouvait se traduire par un effet anti-hyperalgique chez la souris. La souche F1-2, testée dans plusieurs modèles de douleur viscérale, exerce un effet anti-hyperalgique remarquable en réduisant l’HSVC lorsque l’intégrité de la barrière intestinale est compromise. Cependant, et contrairement à la plupart des souches probiotiques déjà connues, la souche F1-2 ne présenterait pas de propriétés anti-inflammatoires ou de renforcement de la barrière épithéliale intestinale. Ces travaux constituent la première preuve d’un potentiel effet antalgique de P. distasonis et les premiers résultats obtenus quant à son innocuité sont des données fortement encourageantes pour envisager son utilisation chez l’Homme.L’hypothèse d’une interaction directe entre la souche F1-2 et les cellules neuronales est aujourd’hui suggérée et l’exploration des mécanismes d’interaction a permis de caractériser l’effet neuro-inhibiteur de la souche F1-2 sous diverses stimulations nociceptives. La possible implication de la bradykinine et/ou de ses récepteurs ouvre une nouvelle voie d’investigation dans la compréhension du dialogue établi entre bactéries et neurones.Ainsi, ce travail de thèse a permis de mette au point une méthode visant à sélectionner des souches bactériennes aux propriétés neuromodulatrices et de révéler le potentiel thérapeutique de la souche bactérienne Parabacteroides distasonis F1-2 chez la souris. Il est aujourd’hui possible d’envisager son utilisation chez l’Homme en tant que probiotique de nouvelle génération destiné à soulager les patients souffrants de douleurs abdominales chroniques.