Analyse bioinformatique de l'organisation structurale et fonctionnelle des génomes de deux micro-organismes pathogènes, la bactérie opportuniste Acinetobacter baumannii et le champignon Fusarium graminearum
Auteur / Autrice : | Tarek Alouane |
Direction : | Thierry Langin, Ludovic Bonhomme |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Bioinformatique |
Date : | Soutenance le 19/07/2022 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) en cotutelle avec Université Mohammed V (Rabat) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Génétique, Diversité et Ecophysiologie des Céréales |
Jury : | Président / Présidente : Hanae Abdelmoumen |
Examinateurs / Examinatrices : Azeddine Ibrahimi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc-Henri Lebrun, Diana Fernandez, Laila Sbabou, Mouna Ouadghiri |
Mots clés
Résumé
Les micro-organismes pathogènes, sont responsables, chaque année, de maladies entrainant de graves conséquences sanitaires et économiques, et ce, en dépit des efforts importants déployés pour les contrôler. Parmi ceux-ci, la bactérie Acinetobacter baumannii, un pathogène nosocomial hautement résistant aux antibiotiques, conduisant parfois à une impasse thérapeutique, et provoquant des infections sévères allant de la pneumonie à de graves infections du sang, et le champignon Fusarium graminearum, responsable de la fusariose de l'épi (FHB), une maladie dévastatrice des céréales et en particulier du blé tendre, provoquant chaque année des pertes sévères de , en particulier via la production in planta de mycotoxines nocives pour la santé humaine et animale. Les épidémies causées par ces deux agents pathogènes sont aujourd’hui une préoccupation majeure dans le monde. En dépit de leur importance les questions sur l’ampleur de la variabilité intraspécifique des génomes de ces deux microorganismes, et la relation entre structure/fonction restaient encore peu documentées. Dans le cadre de cette Thèse, nous avons développé une approche de génomique comparative intra-espèce, basée sur le séquençage et l’analyse bioinformatique des génomes complets de souches européennes de F. graminearum, présentant différents niveaux d’agressivité et de souches marocaines d'A. baumannii multi-résistantes d’origine clinique (isolées de patients) et environnementale (milieu hospitalier). Cette stratégie nous a permis de construire le premier pangénome « ouvert » de l'espèce F. graminearum, élargissant (de 47 %) le répertoire de gènes connus dans le génome de référence. En comparant la diversité génétique et phénotypique des souches, nous avons trouvé que plus des deux tiers du total des gènes codant pour des protéines sécrétées, contribuant potentiellement à la pathogénicité, étaient systématiquement présents dans un core sécrétome, sans relation avec les différents niveaux d'agressivités des souches. La surreprésentation des motifs d'adressage au chloroplaste et au noyau des cellules végétales, identifiés dans les effecteurs fongiques, associée à leur localisation préférentielle dans les régions génomiques en évolution rapide de ce pathogène, suggèrent fortement que ces deux organites sont des cibles végétales clefs du processus de manipulation parasitaire. En parallèle, chez A. baumannii, nos analyses ont révélé la présence de multiples clones coexistant en milieu hospitalier marocain, avec la prédominance d’une lignée correspondant au clone international II. L'analyse comparative des génomes complets n'a révélé aucune expansion sélective du répertoire de gènes entre les souches environnementales et les souches cliniques. Toutes les souches partagent jusqu'à plus de 80 % de gènes de virulence. En outre, la diversité phénotypique de résistance aux antibiotiques des souches était cohérente avec la diversité de leurs résistomes reconstitués in silico, dont celui de la souche résistante à la colistine « antibiotique de dernier recours ».Les résultats obtenus au cours de ce travail de Thèse donnent un éclairage nouveau et original (1) sur la relation entre variabilité génomique intraspécifique et déterminisme génétique de la pathogénicité, et (2) sur le potentiel évolutif et adaptatif de ces deux micro-organismes pathogènes.