Thèse soutenue

Porter des lunettes pour entendre différemment ? Les effets consécutifs de l'adaptation prismatique visuomanuelle sur la perception auditive

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Auteur / Autrice : Clémence Bonnet
Direction : Carine Colent Michel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Staps
Date : Soutenance le 21/03/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cognition, Action, et Plasticité Sensorimotrice (CAPS) (Dijon)
Etablissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Stephanie Clarke
Examinateurs / Examinatrices : Bénédicte Poulin-Charronnat, Fabrice Sarlegna
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Olivier, Laure Pisella

Résumé

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La plasticité sensorimotrice se définit comme notre capacité à produire une réponse motrice appropriée face à des modifications corporelles ou environnementales. Le paradigme expérimental classique pour l’étudier est l’adaptation prismatique qui consiste à pointer des cibles visuelles en portant des lunettes prismatiques qui dévient le champ visuel latéralement ou verticalement. Ses effets consécutifs ne sont pas restreints au comportement sensorimoteur et s’étendent à d’autres modalités sensorielles non-sollicitées lors de l’exposition, comme l’audition. Il existe une représentation mentale de la fréquence auditive au sein de laquelle les basses fréquences (i.e., sons graves) sont associées avec l’espace gauche et les hautes fréquences (i.e., sons aigus) avec l’espace droit. Le premier objectif de ce travail de thèse est d’étudier l’organisation de la représentation mentale de la hauteur des sons et sa modulation par l’adaptation prismatique latérale et verticale. Le second objectif est de s’intéresser aux effets de l’adaptation prismatique latérale sur l’attention divisée auditive chez des individus sains. Enfin, le troisième et dernier objectif a une portée clinique et vise à tester les effets de l’adaptation prismatique sur la perception d’un acouphène unilatéral.Indépendamment de l’expertise musicale, la première étude a mis en évidence l’existence d’une pseudonégligence auditive orientée vers les basses fréquences au sein d’un spectre auditif élargi. Ce biais initial est décalé vers les hautes fréquences après adaptation prismatique de déviation gauche. La seconde étude s’est intéressée à l’adaptation prismatique verticale. Nous avons montré les premiers effets sensorimoteurs après adaptation verticale aux deux déviations optiques, ainsi que la première modulation du biais de pseudonégligence auditive après adaptation prismatique de déviation vers le bas. Dans la troisième étude, nous avons observé de nouveaux résultats avec des effets de l’adaptation prismatique de déviation gauche sur l’attention divisée auditive chez des individus sains. La quatrième et dernière investigation était une étude de cas qui a fourni des résultats préliminaires et prometteurs sur la modulation de la perception de l’acouphène unilatéral après adaptation prismatique latérale. Les résultats innovants de ces travaux de thèse témoignent des effets intermodaux de l’adaptation prismatique et plus particulièrement dans le domaine de l’audition. L'exposition aux prismes engendre des modifications dans la perception de la hauteur des sons et l’orientation de l’attention auditive. De plus, même si des études complémentaires sont nécessaires, la modulation de la perception de l’acouphène après adaptation prismatique ouvre de nouvelles voies de recherches thérapeutiques.