Dessiner en société : histoire culturelle des pratiques du dessin en amateur dans la France moderne, ca. 1590-1820

Drawing in society. : cultural history of amateur drawing in early modern France, ca. 1590-1820

• Auteur / Autrice : Gabriel Batalla-Lagleyre
• Direction : Olivier Bonfait, Emmanuelle Brugerolles
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire de l'art
• Date : Soutenance le 07/07/2022
• Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire de Recherches « Sociétés, Sensibilités, Soin » (Dijon)
• Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
• Jury : Président / Présidente : Jan Blanc
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Olivier Bonfait, Emmanuelle Brugerolles, Marianne Cojannot-Le Blanc, Roger Chartier, Kristel Smentek, Séverine Sofio
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Jan Blanc, Marianne Cojannot-Le Blanc

Mots clés

Mots clés contrôlés

1500-1800

Art -- France

Dilettantisme (esthétique)

Art -- Appréciation

Art d'amateurs

Mots clés libres

Dessin

Épistémologie

Pratiques sociales

Histoire culturelle

Amateurs

Drawing

Epistemology

Social practices

Cultural History

Amateurs

Résumé

La thèse porte sur la diffusion des pratiques du dessin parmi les élites d’Ancien Régime. De marginales et méprisées, ces pratiques deviennent alors dominantes. Pour étudier ce phénomène qui se joue par-delà les seuls « mondes de l’art », le travail reprend différents questionnaires de l’histoire culturelle : histoire de l’éducation, histoire des techniques et des représentations, sociologie critique, histoire sociale. Grâce à un vaste corpus de sources et d’œuvres, l’enquête suit deux pistes, l’une éthique et l’autre épistémologique.D’une part, il s’agit de réévaluer la place du dessin dans l’épistémè des XVIIe et XVIIIe siècles, en considérant des pratiques graphiques longtemps oubliées (antiquaires, militaires, etc.) car exclues de la catégorie moderne des « beaux-arts », appréhendée selon un unique critère esthétique. Cependant, le dessin occupe une position centrale, avec une large portée cognitive, au sein d’une configuration des savoirs d’abord héritière de la notion renaissante de l’encyclopédie puis bouleversée à mesure de la spécialisation des connaissances à l’âge de la révolution scientifique. Il convient également de voir comment cette conception du dessin s’articule avec les théories académiques, fondées sur le disegno, et les pratiques des artistes. La thèse contribue ainsi à l’enquête sur la libéralisation progressive des arts du dessin.D’autre part, il s’agit d’étudier les bouleversements éthiques qui ont permis la diffusion des pratiques graphiques au sein des élites curiales et urbaines. La thèse interroge ainsi le poids du savoir et du mérite dans des définitions évolutives des fondements de la noblesse, la place du travail et du loisir, l’opposition entre les activités manuelles et intellectuelles et les évolutions du statut de l’activité artistique. Elle éclaire par ailleurs des mécanismes subtils de stéréotypes de genre, selon des clivages entre dilettantisme et pratiques utilitaires, sphère publique et domaine de l’intime. En outre, les œuvres permettent d’appréhender une culture matérielle et technique spécifique, qui diffère de celle des artistes de profession. Enfin, la thèse met en lumière certains usages de la sociabilité mondaine : quels lieux, publics ou semi-publics, sont investis par les pratiques graphiques ? Comment celles-ci participent-elles à des logiques de distinction culturelle et sociale ?

The dissertation focuses on the diffusion of drawing among Ancien Régime elites. From being marginal and despised, these practices became dominant. In order to study this phenomenon beyond the ''art world'', the work takes up different questions of cultural history: history of education, history of techniques and representations, critical sociology and social history. The investigation follows two tracks, one ethical and the other epistemological.On the one hand, the aim is to reassess the place of drawing in the episteme of the 17th and 18th centuries, by considering graphic practices that have long been forgotten (antiquarians, military, etc.) because they were excluded from the modern category of ''fine arts''. However, drawing occupies a central position within a configuration of knowledge initially inherited from the notion of the encyclopaedia and then disrupted as knowledge became more specialised in the age of the scientific revolution. This conception of drawing is articulated with academic theories, based on disegno, and the practices of artists.On the other hand, the dissertation sheds light on the ethical upheavals that allowed the diffusion of graphic practices within the curial and urban elites. The dissertation questions the weight of knowledge and merit in the definitions of nobility, the place of work and leisure, the opposition between manual and intellectual activities, and the changes in the status of artistic activity. It also sheds light on subtle mechanisms of gender stereotyping, according to the divisions between dilettantism and utilitarian practices, the public sphere and the private domain. In addition, the works provide an insight into a specific material and technical culture, which differs from that of professional artists. Finally, the dissertation highlights certain uses of sociability: which public or semi-public places are occupied by graphic practices? How do these practices participate in the logics of cultural and social distinction?