Youngtimers : une sociologie des rapports contemporains à la voiture ancienne
Auteur / Autrice : | Gaëtan Mangin |
Direction : | Hervé Marchal, Vincent Kaufmann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 21/11/2022 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire de Recherches « Sociétés, Sensibilités, Soin » (Dijon) |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Cornelia Hummel Stricker |
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Marchal, Vincent Kaufmann, Jean-Marc Stébé, Ewa Bogalska-Martin, Jean-Christophe Marcel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Marc Stébé, Ewa Bogalska-Martin |
Mots clés
Résumé
Si cela n'était pas encore le cas il y a encore 50 ans, l'automobile est aujourd'hui un bien d'équipement incontournable pour une majorité de ménages Français. Pour une majorité d’individus, et dans un contexte d'urbanisation croissante, la mobilité s'impose de fait aux individus amenés à se déplacer ici pour leur travail, là pour leurs loisirs, ou encore sur de multiples lieux de consommation ou de sociabilité. Partout, dans les villes comme dans les campagnes, l’automobile s’est imposée comme le principal mode de déplacement quotidien. La généralisation de la possession automobile a ainsi modifié le mode de vie des individus ainsi que l'ensemble des étapes de la vie professionnelle et familiale, et pour le dire simplement, la société urbaine contemporaine suppose la généralisation d’une mobilité individuelle reposant à ce jour sur un véritable système automobile.L'objet automobile est toutefois en train de vivre des mutations majeures. Si bien des innovations technologiques ont travaillé cet objet et notre manière d'en user (augmentation de la vitesse maximum, de la puissance des moteurs, de la sécurité de ses occupants, implantation de la radio, des services de téléphonie puis de guidage par géolocalisation...), nous pouvons affirmer que l’automobile est aujourd’hui traversée par une triple révolution dont il est difficile d’affirmer si elle résulte davantage d’une demande des usagers, de l'offre des constructeurs ou encore d’une attente des pouvoirs publics : premièrement, la voiture contemporaine se doit d’être toujours de plus en plus confortable ; deuxièmement, il existe une attente majeure et croissante envers l’objet automobile qui concerne son caractère sécuritaire, entendu avant tout comme sa capacité à protéger ses occupants ; troisièmement, l’automobile fait l’objet d’une pression écologique sans précédent. D’une manière plus générale, l’automobile est aujourd’hui chamboulée dans ses appréhensions ontologiques. Elle est soumise à une ambivalence inouïe, tant à la fois elle agace mais demeure au cœur de la société contemporaine en renvoyant à un imaginaire fondé sur des possibilités concrètes de liberté et d’émancipation individuelle.En parallèle, il ne fait aucun doute pour un observateur quelque peu avisé, que l’intérêt pour les voitures anciennes est en plein essor : émissions télévisées de réparation de véhicules vintage, groupes Facebook autour de la passion des anciennes, rassemblements dominicaux sur les parkings de supermarché et titres de revues spécialisées se multiplient depuis une dizaine d’années. Parmi ces automobiles, on retrouve notamment celles que les passionnés nomment les Youngtimers : ce sont, littéralement, les « jeunes anciennes ». Ce terme désigne à la fois les véhicules mythiques des années 1970 à 1990 , que l’on peut considérer comme relevant de la pré-collection, et le magazine éponyme distribué depuis 2010 qui entend donner une parole médiatique aux collectionneurs de ces voitures. Au regard de l’intérêt suscité par les voitures anciennes, quelques questionnements s’imposent. La triple révolution qui concerne l’automobile actuelle est devenue un triple paradoxe : alors que tout incline les individus automobilisés à se projeter dans un futur sécuritaire, confortable et écologique, par le biais de véhicules électriques ou hybrides, connectés et suréquipés, comment expliquer que de plus en plus de conducteurs acquièrent des véhicules particulièrement inconfortables, dangereux et polluants au regard des normes et injonctions contemporaines ? Cette thèse se donne pour ambition de comprendre à quoi répond la possession d’un véhicule de plus de 20 ans à l'époque contemporaine.