Thèse soutenue

Le regard, vecteur épigrammatique et anthologique dans les Selecta epigrammata graeca latine versa de Janus Cornarius

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Auteur / Autrice : Aurélie Gay
Direction : Sylvie Laigneau-FontaineEstelle Oudot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures anciennes
Date : Soutenance le 06/07/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Communication, Langues, Arts (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC) (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Virginie Leroux
Examinateurs / Examinatrices : Brigitte Gauvin, David Amherdt, Mathieu Ferrand
Rapporteurs / Rapporteuses : Virginie Leroux, Brigitte Gauvin

Résumé

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En 1529, un médecin allemand, Janus Cornarius, publie une anthologie d'épigrammes intituléeSelecta epigrammata graeca latine versa. Erudit polymathe, philologue engagé, figure d’humaniste indépendant, l’auteur propose une compilation d’épigrammes grecques traduites en latin, en s’inspirant de plusieurs hypotextes. Le thème du regard, présent dans de très nombreuses épigrammes, permet de mettre en valeur les grandes caractéristiques du genre épigrammatique ainsi que de la forme anthologique et se révèle un atout précieux de la festivitas autant que de la transmission de l’eruditio. Trois types de regards ne cessent de se côtoyer dans l’œuvre : ceux des personnages, du lecteur et des épigrammatistes. Cette diversité renforce indéniablement l’effet de bigarrure inhérent au genre et à la forme de l’œuvre mais ses effets sont en réalité multiples. La mise en scène de ces regards sert en effet la brevitas puisqu’elle active rapidement la dynamique narrative. Mais elle contribue également, dans une large part, à la dimension picturale puisque qu’elle est vectrice d’hypotyposes. Enfin, elle joue un rôle majeur dans le déploiement de la tonalité comique. Pour toutes ces raisons, elle est indissociable de l’esprit de festivitas quianime l’œuvre. En cela, la compilation d’épigrammes pourrait être, dans une certaine mesure, associée à des nugae. Pourtant, si la pluralité des regards mis en scène sert la dimension festive de l’œuvre, elle participe aussi pleinement à la construction de l’eruditio. En effet, grâce à elle, Cornarius oppose aux perceptions réductrices, des points de vue pluriels, vecteurs de connaissances. Ce faisant, il défend une conception du savoir qui ne dépend plus d’un regard unique et érige la pluralité en pivot majeur de la connaissance. En déconstruisant la notion même d’auctoritas, il encourage le lecteur à la fois à exercer son propre jugement critique, mais aussi à participer au tournoi linguistique orchestré dans l’anthologie. Il présente ainsi un savoir en mouvement et une culture est perpétuellement perfectible. Grâce à la mise en scène de différents regards, le genre épigrammatique et la forme épigrammatique scellent de manière fusionnelle festivitas et eruditio. Cette compilation d’épigrammes peut ainsi être qualifiée de seriae nugae.