Thèse soutenue

Essais sur les externalités spatiales associées à l'agriculture biologique

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Auteur / Autrice : Marine Coinon
Direction : Rachel GuillainSophie Legras
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 30/05/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'économie de Dijon (LEDi) (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Julie Subervie
Examinateurs / Examinatrices : Rachel Guillain, Sophie Legras, Mouez Fodha, Alexandra Schaffar
Rapporteurs / Rapporteuses : Mouez Fodha, Alexandra Schaffar

Résumé

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Cette thèse comprend trois articles concernant l'agriculture biologique, à savoir ses déterminants et son efficacité. Le succès d'une politique est le résultat de dynamiques provenant des territoires et des agriculteurs eux-mêmes. Le chapitre 1 étudie les principaux déterminants de l'adoption à l'agriculture biologique, et en particulier les effets de pairs. En utilisant des données du Recensement Parcellaire Graphique en France, je montre d'abord combien il est important d'utiliser des données au niveau de la parcelle pour comprendre ces effets. En particulier, je trouve que l'utilisation de données au niveau de la municipalité sur la localisation du siège social sera associée à des erreurs de mesure significatives car plus de 30 % des parcelles sont situées dans une municipalité différente de celle de leur siège social. Ensuite, je combine les données parcellaires avec le Recensement agricole et d'autres données spatiales pour montrer que les effets de pairs jouent un rôle essentiel. Un agriculteur est plus susceptible de se convertir à l'agriculture biologique en 2018 si une part plus importante de ses cinq voisins les plus proches sont des agriculteurs biologiques, et encore plus si ces pairs sont situés en amont par rapport à la direction des vents dominants. Le chapitre 2, co-écrit avec Sylvain Chabé-Ferret, Arnaud Renaud et Eva Tène, fournit des estimations à grande échelle de l'impact causal de l'agriculture biologique sur la qualité de l'eau, la biodiversité et sur les profits et la productivité des agriculteurs en utilisant la forte augmentation des surfaces cultivées en agriculture biologique qui s'est produite en France après 2000 suite à une augmentation massive des subventions pour la conversion à l'agriculture biologique. Nous tirons parti du regroupement spatial de la conversion à l'agriculture biologique dans un cadre de différences dans les différences, modifié pour prendre en compte les effets de débordement le long des cours d'eau. En appliquant notre estimateur à des données provenant de 2 800 stations de surveillance avec plus de 400 000 observations sur la qualité de l'eau, nous constatons que l'agriculture biologique réduit les concentrations de nitrates dans l'eau jusqu'à 1,3 mg/l, soit une diminution de 8 %. Nous constatons néanmoins que l'agriculture biologique ne parvient pas à accroître la biodiversité et à réduire l'eutrophisation, car elle ne limite pas les émissions de phosphore. Nous constatons que les rendements diminuent de 33 % après la conversion à l'agriculture biologique, ce qui implique que la surface agricole doit s'étendre de 50 % pour que l'agriculture biologique produise la même quantité de nourriture que l'agriculture conventionnelle. Dans l'ensemble, comme les produits biologiques se vendent à un prix plus élevé et que les dépenses en intrants synthétiques diminuent, la conversion à l'agriculture biologique augmente les bénéfices des exploitations. Le chapitre 3, co-écrit avec Rachel Guillain et Sophie Legras, étudie le biais de perception des pratiques agricoles et la manière dont l'agriculture biologique apporte un signal supplémentaire. Nous évaluons la disposition à payer pour la proximité des terres agricoles en utilisant des données inédites sur les prix des logements en France, couplées à des données sur l'utilisation des terres. L'objectif de ce chapitre est double. Premièrement, il vise à déterminer l'étendue spatiale des avantages dérivés de la proximité d'une parcelle agricole et de meilleures pratiques agro-environnementales. Deuxièmement, en fusionnant les transactions immobilières avec des données agricoles géoréférencées, nous sommes en mesure d'isoler l'aspect informationnel du label biologique.