Thèse soutenue

Analyse spatiale de la relation entre la mobilité des travailleurs et l'agglomération industrielle : cas de la Tunisie

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Auteur / Autrice : Rawaa Laajimi
Direction : Julie Le GalloSalwa Benammou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 20/06/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Université de Sousse (Tunisie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut national de la recherche agronomique (France). Centre d'économie et sociologie appliquées à l'agriculture et aux espaces ruraux (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Sébastien Bourdin
Examinateurs / Examinatrices : Julie Le Gallo, Salwa Benammou, Abderrazak Dhaoui, Alexandra Schaffar, Moez Kilani
Rapporteurs / Rapporteuses : Abderrazak Dhaoui, Alexandra Schaffar

Résumé

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En Tunisie, les politiques publiques régionales mises en place depuis l'indépendance ont pour objectif majeur de réduire le déséquilibre structurel et économique entre ses régions et de favoriser la croissance dans les zones les moins développées. Cependant, au fil des années, le déséquilibre entre les régions du littoral et celles de l'intérieur et du sud s'est dramatiquement creusé, entraînant plusieurs tensions et soulèvements populaires. Par ailleurs, ce déséquilibre est considéré comme l'un des principaux déclencheurs de la révolution tunisienne du 14 Janvier 2011. Ainsi, cette thèse traite les principaux déterminants de la localisation des agents économiques et leurs conséquences sur les inégalités régionales en Tunisie. Trois chapitres ont émergé de cette problématique. Dans le premier chapitre, nous analysons les configurations spatiales de diverses industries manufacturières en Tunisie à l'aide de données micro-géographiques et d'approches basées sur la distance. En utilisant un échantillon original de 5 405 usines en Tunisie en 2018, nos résultats montrent que la majorité des industries manufacturières en Tunisie se caractérisent par une concentration géographique à courte et moyenne distance. Ces concentrations sont principalement situées dans un rayon de moins de 30 km. Au niveau sectoriel, l'industrie textile se caractérise par une forte concentration géographique, et les industries de haute technologie sont également parmi les plus concentrées, confirmant l'existence de pools spécialisés dans les activités de haute technologie en Tunisie. Nous procédons également à une analyse approfondie pour caractériser les configurations spatiales des sous-secteurs. Cette analyse montre que les usines totalement exportatrices et les usines étrangères et mixtes sont fortement concentrées géographiquement et dominent la distribution spatiale de l'industrie manufacturière en Tunisie. Dans le deuxième chapitre, nous étudions la relation entre les choix de localisation des entreprises manufacturières et les politiques publiques territoriales. Nous réalisons une enquête auprès de 179 entreprises manufacturières du sud-est tunisien, basée sur une administration indirecte du questionnaire. Dans l'analyse empirique, nous mobilisons différentes méthodes : analyse factorielle multiple, classification ascendante hiérarchique et modèles probit. Ces méthodes confirment le rôle des incitations fiscales et financières dans les décisions de localisation de certaines entreprises manufacturières, mais soulignent également l'importance des facteurs traditionnels tels que la main-d'œuvre, la disponibilité des terrains et la proximité géographique. Les modèles probit indiquent que la considération des incitations fiscales et des subventions dans le choix de localisation manufacturière augmente de 15% la probabilité de s'implanter dans une zone fiscalement avantageuse. Dans le dernier chapitre, nous examinons les déterminants de la migration interne en Tunisie, en nous concentrant sur le rôle des différences du capital humain. En exploitant les données des recensements réalisés par l'Institut National de la Statistique de 2004 et 2014 en Tunisie, nous estimons un modèle de gravité augmenté de deux proxys du capital humain (hautement qualifié et faiblement qualifié). Nous utilisons le différentiel de taux de chômage et la distance routière comme variables de résistance multilatérale et introduisons également des variables culturelles et de qualité de vie. Nos estimations montrent que les variables macroéconomiques sont les principaux déterminants des flux interrégionaux. Quant au capital humain, le niveau élevé de capital humain agit comme facteur d'attraction pour les migrants et le niveau faible de capital humain comme facteur de restriction de la migration vers les régions de destination. En outre, les variables non économiques jouent un rôle important dans les flux migratoires en incitant les individus à quitter leurs régions d'origine.