Thèse soutenue

Utilisation de la stimulation transcrânienne par courant continu (tDCS) pour le traitement des addictions : études précliniques et mécanismes d'action

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Auteur / Autrice : Stéphanie Dumontoy
Direction : Vincent Van Waes
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 22/09/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de neurosciences : intégratives et cliniques (Besançon) - Laboratoire de neurosciences : intégratives et cliniques (Besançon) - Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Cliniques
Site de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024)
Jury : Président / Présidente : Sara Morley-Fletcher
Examinateurs / Examinatrices : Adeline Etievant, Dimitri De Bundel, Djamila Bennabi
Rapporteurs / Rapporteuses : Sara Morley-Fletcher, Nathalie Thiriet

Résumé

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La stimulation transcrânienne par courant continu (tDCS) consiste à appliquer un faible courant entre deux électrodes au travers de la boîte crânienne d'un sujet. Ceci va moduler l'excitabilité des zones corticales traversées via une modification du potentiel de repos des neurones. Il s’agit donc d’une technique de neuromodulation non invasive, globalement bien tolérée, qui est étudiée dans divers troubles psychiatriques dont l’addiction. Les traitements pharmacologiques existants ne permettent pas de supprimer complètement les risques de rechute après sevrage. Des approches complémentaires non médicamenteuses sont donc à l’étude, dont la tDCS. Cette dernière est abordée de manière transversale au sein du laboratoire avec la réalisation d'études menées conjointement chez l'Homme et chez l'animal. Des travaux récents indiquent que cette technique faciliterait l'abstinence chez des patients dépendants aux drogues. Les objectifs principaux de cette thèse étaient d’utiliser un modèle murin de tDCS développé au sein du laboratoire UR-LINC afin d'évaluer la pertinence d'utiliser la tDCS pour faciliter l'abstinence notamment vis-à-vis de l'alcool ou de la cocaïne et d’identifier certains des mécanismes d’action de celle-ci. Pour cela, les effets de la tDCS ont été caractérisés au moyen d'études comportementales et neurobiologiques. La stimulation a été appliquée sur le cortex frontal gauche via un courant anodique de 20 min à 0,2 mA, soit de manière unique (1 stimulation), soit durant 5 jours consécutifs à raison de 2 fois par jour (10 stimulations) chez des souris vigiles. Concernant les mécanismes d’action, plusieurs d’entre eux ont été évalués au cours de ce travail doctoral : l’implication des circuits cortico-striataux, la maturation des interneurones à parvalbumine et la neurogenèse hippocampique à l’âge adulte. Les résultats montrent qu’une stimulation unique entraine l’augmentation de l’activité du cortex de manière latéralisée et proche de l’électrode sans activation des circuits cortico-striataux. Concernant les interneurones à parvalbumine, les stimulations répétées appliquées lors de l’adolescence sur des souris naïves ont un effet différent à court terme et à long terme. Les interneurones à parvalbumine pourraient donc être une cible potentielle de la tDCS. D’autres résultats suggèrent que les effets de la tDCS répétée se manifestent par une augmentation de la prolifération des cellules hippocampiques au niveau du gyrus denté chez les jeunes adultes sans amélioration de la survie et de la différenciation des cellules. Concernant l’impact de la tDCS sur les comportements associés à la consommation de drogue, les résultats indiquent que la tDCS n’a pas permis de moduler la diminution de maturation des interneurones à parvalbumine induite par la consommation répétée de cocaïne. Cependant, l’application de la stimulation répétée sur des souris exposées de manière chronique à l’alcool induit la diminution de la motivation (« Wanting ») de l’animal pour consommer la drogue sans modifier le plaisir (« Liking »). Ces résultats sont cohérents avec les données cliniques recueillies chez l’Homme. La tDCS pourrait donc constituer un outil de choix pour faciliter le sevrage, en supplément des traitements médicamenteux et des approches cognitives existantes. Des études complémentaires sont également possibles, à l’aide de notre modèle animal. Ces dernières sont nécessaires afin de mieux comprendre les mécanismes d'action de la tDCS sur la consommation de drogues et d'optimiser les paramètres de stimulation pour augmenter ses effets thérapeutiques.