Thèse soutenue

Analyse de l’intervention de l’État dans le financement de l’agriculture des pays en voie de développement : le cas du Sénégal

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Auteur / Autrice : Assiétou Dia
Direction : Zaka RatsimalaheloMathurin Founanou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 30/11/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Université de Saint-Louis (Sénégal)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur les stratégies économiques (CRESE) (Besançon) - Centre de REcherches sur les Stratégies Economiques - UFC / CRESE
Etablissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Jury : Président / Présidente : Adama Diaw
Examinateurs / Examinatrices : Ibrahima Thiam, Alexandru Minea
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Rietsch, Rachid Zammar

Résumé

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Le travail présenté dans cette thèse propose d'évaluer et de modéliser l’impact de l’intervention publique dans le financement de l’agriculture au Sénégal. L’analyse des caractéristiques du marché de crédit agricole sénégalais permet de classer la demande de financement agricole en trois catégories telles que : les besoins de crédits de long terme pour financer les biens d’équipement, les besoins de financement propres au secteur agricole (professionnalisation et adaptation aux aléas climatiques), et les besoins de crédits de court terme pour financer la production. Elle permet aussi de regrouper les acteurs intervenant dans l’offre de financement agricole en quatre grandes classes : l’offre publique, l’offre du secteur privé formel, l'offre informelle et l’offre des bailleurs de fonds.Le chapitre 2 est une modélisation théorique de l’offre de financement agricole au Sénégal. Nous avons étudié le marché de crédit agricole caractérisé par une asymétrie d’information entre les institutions de microfinance et les agriculteurs. Cette asymétrie d’information qui entraîne des imperfections du marché (aléa moral et sélection adverse) conduit au rationnement inefficace des agriculteurs à haute capacité de production. Les résultats ont montré que l’intervention de l’État permet de réduire les inefficacités causées par le rationnement du crédit en situation d’asymétrie d’information. Mais, lorsqu’il finance directement les agriculteurs, il encourt inévitablement des pertes et aggrave le dysfonctionnement du marché de crédit agricole.De plus, la modélisation théorique de l’efficacité des contrats de financement des chaînes de valeur agricoles (chapitre 3) permet de comparer le contrat commercial classique et le contrat de partage de production en termes profits des entreprises de transformation, des agriculteurs et du bien-être social. Les résultats ont montré que le contrat de partage de production est avantageux et permet de produire plus. En outre, dans le cas où l’élasticité de substitution entre les facteurs de production est suffisamment faible, le surplus total est plus élevé lorsque le projet est supervisé par l’entreprise de transformation que lorsque les agriculteurs prennent leurs propres décisions.L’analyse empirique des performances du secteur agricole (chapitre 4) a permis de mesurer son impact sur la croissance économique du Sénégal. Dans cet essai, nous avons utilisé un Modèle dynamique Autorégressif à retards échelonnés (ARDL) Les résultats ont montré un impact positif de la production, mais ses performances comme levier de croissance socio-économique soutenable reste relativement faible.Le chapitre 5 analyse l'impact des dépenses publiques et des autres sources de financement sur la production agricole au Sénégal. Après l'application du modèle ARDL et du modèle à correction d’erreur (MCE), les résultats révèlent que le financement joue un rôle significatif dans le fonctionnement du système agricole sénégalais plus particulièrement celui de l’investissement public. Les crédits alloués aux agriculteurs augmentent leurs revenus à court terme, mais l’effet devient négatif à long terme.Les résultats de cette thèse ont permis de confirmer la légitimité de l’intervention publique dans le financement de l’agriculture au Sénégal et du rôle de l’agriculture comme levier de croissance soutenable. Cependant, pour rendre cette intervention plus efficace et permettre l’émergence du secteur agricole, les décideurs publics doivent mettre en place des politiques visant alléger les modalités de remboursement des prêts surtout à réduire les taux d’intérêt (jugés trop élevés). Pour la bonne marche des programmes de développement agricole, il est nécessaire de mettre en place une structure privée indépendante qui aura aussi pour rôle de « monitoring » afin d'éviter le détournement des fonds du côté des structures étatiques et des entreprises agricoles.