Danser dans la Rome aristocratique du XVIIe et du début du XVIIIe siècle : techniques et styles à partir de la documentation du Séminaire Romain et des archives familiales
Auteur / Autrice : | Gloria Giordano |
Direction : | Anne-Madeleine Goulet, Alessandro Pontremoli |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres et Arts |
Date : | Soutenance le 02/06/2022 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études supérieures de la Renaissance (Tours ; 1956-....) |
Jury : | Président / Présidente : Marina Nordera |
Examinateurs / Examinatrices : Marie Demeilliez, Andrea Bombi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marina Nordera, Thierry Favier |
Mots clés
Résumé
L'histoire d'un art englobe celle des techniques qui le compose. La présente étude, à travers une lecture épistémologique qui tient compte de la dimension performative, entend reconstruire une histoire de la technique de la danse à Rome au XVIIe et au XVIIIe siècle à partir de l'analyse des sources d'archives et des livrets. L'enquête s'appuie sur le modèle théorique du “soundscape” (paysage sonore) établi par Raymond Murray Schafer, auquel elle emprunte des termes et des éléments d'analyse pour l'observation et la contextualisation des traces de danse provenant du passé. Nous proposons le néologisme “movementscape”, afin de tenir compte des mouvements “naturels” et des mouvements “conventionnels”, qu'ils aient lieu dans les palais ou à l'extérieur. La période considérée est particulièrement digne d'intérêt puisqu'elle se caractérise par une production chorégraphique abondante et, dans le même temps, par l'absence de traités de danse en Italie (ce qui explique qu'elle ait peu retenu l'attention des chercheurs). L'étude débute en 1630, l'année de la réédition, à Rome, du second traité de Fabritio Caroso, «Nobiltà di dame», sous le titre «Raccolta di varii balli», et elle s'achève en 1728, l'année de la publication du «Trattato del ballo nobile» de Giambatista Dufort, qui marque symboliquement le moment où le style français s'est définitivement imposé sur la péninsule italienne. L'enquête théorique, technique et historique concerne la pratique de la danse à finalité didactique et théâtrale au Séminaire romain, dans les demeures de la noblesse et dans les théâtres de la ville. Il s'agit de comprendre dans quelle mesure les pratiques non-professionnelles de la danse pouvaient être mises en relation avec celles des danseurs de métier. L'étude des sources d'archives et des livrets (scenari des représentations théâtrales et livrets des académies organisées par les élèves nobles du Séminaire) révèle des noms de maîtres de danse et de danseurs, italiens et français, alors présents à Rome et pour la plupart peu connus voire inconnus. Elle fait apparaître un réseau de liens serrés entre familles, collèges et théâtres. L'analyse du style, en plus de celle du répertoire, met en évidence la présence contemporaine du style italien, espagnol et français. Elle permet notamment de déterminer l'influence du style espagnol sur les deux autres et l'affirmation progressive du style français, mais surtout et elle fait émerger la persistance des pratiques corporelles typiques du “vieux” style italien, que l'on allait retrouver dans la danse du XVIIIe siècle dite “genre grotesque” et, plus généralement, dans ce que l'on nomme “école italienne”. La recherche porte sur la danse (danse de salle ou danse de théâtre) mais aussi sur des pratiques de mouvement, surtout masculines dans le cadre des collèges, qui contiennent de façon implicite ou explicite des traces de danse, tels que combats, exercices d'acrobatie ou expressions gestuelles, dont il n'est pas toujours possible de reconstruire le contexte d'exécution mais desquelles on peut légitimement déduire des habitudes et des pratiques innovantes par rapport aux traités de la période qui précède. La taxinomie des éléments de composition (danses solistes ou danses de groupe, paires ou impaires), des tòpoi chorégraphiques (danses des étoiles, danse des torches, reproductions d'initiales, d'emblèmes et de figures etc.) et du répertoire (canari, sarabande, follie) offre des pistes d'analyse pour évaluer la part de tradition et d'innovation au sein de la production des différents maîtres. La lecture à plusieurs niveaux (sociale, parathéâtrale et théâtrale) porte sur la pensée technique et sur la circulation, dans les divers espaces sociaux et culturels, d'idées et de solutions techniques qui, à l'époque, animent autant le danseur noble que le danseur de métier. Deux volumes, un glossaire, un dictionnaire bio-bibliographique, des fiches avec la transcription des documents d'archives, un index des noms).