Thèse soutenue

Les terres rares : traceurs des apports lithogéniques et des échanges dissous-particulaires dans l'Atlantique Nord subpolaire (campagne GEOVIDE, GEOTRACES GA01)

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Auteur / Autrice : Marion Lagarde
Direction : Catherine JeandelPascale Deniaud-Lherminier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'Univers, de l'Environnement et de l'Espace
Date : Soutenance le 27/06/2022
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (Toulouse ; 1995-....)
Jury : Président / Présidente : Jeroen Sonke
Examinateurs / Examinatrices : Géraldine Sarthou, Hélène Planquette
Rapporteurs / Rapporteuses : Kazuyo Tachikawa, Phoebe J Lam

Résumé

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Dans l'océan, l'étude des concentrations en Terres Rares (REE) renseigne sur les processus d'échange entre phase dissoute et particulaire. Ce sont aussi des traceurs des apports lithogéniques qu'ils soient atmosphériques ou issus des sédiments déposés sur les marges ou le fond des abysses. La composition isotopique (C.I.) de l'une des Terres Rares, le néodyme (Nd), notée εNd, est également un traceur des apports lithogéniques, qui apporte en plus l'information sur leur origine. A distance de ces apports, εNd devient un traceur conservatif, qui peut être utilisé pour quantifier le mélange des masses d'eau. L'objectif de ce travail de thèse est de réaliser une documentation complète des concentrations dissoutes et particulaires des REE dans l'Atlantique Nord subpolaire, le long du transect GEOVIDE (N/O Pourquoi Pas ? Mai-Juin 2014). Ce travail vise i) à déterminer l'influence des marges ii) comprendre les mécanismes sous-jacents au boundary exchange (BE) ii) préciser les échanges dissous-particulaires. La première partie de la thèse porte sur les distributions de concentrations en REE particulaires sur les 1500 premiers mètres. Ces distributions révèlent i) des apports lithogéniques particulièrement importants au niveau de la marge ibérique, plus concentrés dans des couches néphéloïdes se propageant à environ 1000 km de la côte ii) une prédominance des phénomènes d'absorption en surface et d'adsorption en profondeur. Le premier de ces résultats a conduit à investiguer le mécanisme à l'origine de la formation et de la propagation des couches néphéloïdes observées. Pour cela, une simulation de la génération et dissipation des ondes internes de marée (IT) a été réalisée. Associée aux données disponibles sur les sédiments de la marge et à une réanalyse de sortie du modèle de circulation, elle a permis de montrer que les IT sont une source de particules lithogéniques pour l'océan, dispersés par la circulation jusqu'à 400 km de la marge. Dès lors, la question de la possibilité d'un apport ultérieur en REE par dissolution des particules se pose. L'analyse des concentrations en REE dissoutes qui a suivi, couplée à l'utilisation d'une analyse multiparamétrique optimisée permettant de permettant de dissocier le rôle du mélange de celui d'autres processus sur les concentrations observées, a montré que i) les particules sont effectivement à l'origine d'un apport par dissolution, marqué dans les couches néphéloïdes ii) les masses d'eaux profondes (NEADW et ISOW surtout) sont le siège d'un scavenging intense, qui aboutit à des profils en REE déviant du profil "nutrient-like" habituellement observé. Les coefficients de partition Kd des REE ont été calculés en combinant concentrations particulaires, dissoutes et masse des particules en suspension. Moins élevés dans les 400 premiers mètres ces Kd présentent des maximums ponctuels et augmentent ensuite avec la profondeur de manière exponentielle. L'ensemble de ces travaux met en avant l'importance des apports latéraux par les marges dans le cycle océanique des REE, notamment sous l'impulsion des ondes internes, dont la permanence et l'ubiquité dans l'océan suggèrent un rôle non négligeable dans les apports d'éléments traces lithogéniques à l'échelle mondiale. Ils confirment également qu'un des mécanismes du BE est la dissolution des particules issues de ces apports suivi par du scavenging. Enfin, les données de Kd, rares dans la littérature, peuvent être utilisées dans les modèles de cycle du Nd, paramétré jusqu'ici comme fixe par manque de valeurs. Ce résultat contribue à réconcilier à la fois concentrations simulées en surface et en profondeur avec celles observées.