Signatures électrophysiologiques des dysfonctions cognitives associées aux troubles de la conscience
Auteur / Autrice : | Fabrice Ferré |
Direction : | Stein Silva Sifontes, Fabien Perrin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 19/12/2022 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Toulouse NeuroImaging Center (2016-....) |
Jury : | Président / Présidente : Éric Azabou |
Examinateurs / Examinatrices : Céline Cappe | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marzia De Lucia, Aurore Thibaut |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Un trouble de la conscience peut être observé après une lésion cérébrale sévère (par exemple, traumatique ou anoxique), ou être la conséquence directe d'un contexte médical favorisant sa survenue chez les patients en état critique, dont le delirium est la principale forme d’expression. L'objectif principal de nos recherches était d'évaluer les dysfonctions cognitives observables dans deux modèles distincts de troubles de la conscience (états de conscience altérée – étude 1, et delirium – étude 2) en utilisant les potentiels évoqués auditifs. L'analyse d'une large cohorte multicentrique de patients présentant un état de conscience altérée (coma, état de conscience minimale, syndrome d'éveil sans réponse) a révélé une réponse P3 au propre prénom chez 30% des patients, indépendamment de leur niveau de conscience comportemental. Ce résultat plaide en faveur de l'existence d'une dissociation cognitivo-comportementale, notamment pour les patients en phase aiguë de coma. De façon intéressante, cette capacité cérébrale occulte de discrimination d’un stimulus écologique auto-référentiel suggérant la reconnaissance de soi, détectée au chevet du patient précocement après l'ictus, était capable de prédire la récupération d’un état de conscience comportemental chez les survivants à 6 mois, et pourrait donc être considérée comme une condition préalable à l'émergence de la conscience. En utilisant une batterie multidimensionnelle de potentiels évoqués auditifs, spécialement conçue pour sonder les processus cognitifs hiérarchiques des patients en état critique atteints de delirium, nous avons identifié à la fois, une préservation de la mémoire échoïque automatique ‘bottom-up’ nécessaire à la discrimination des sons simples (P3a aux sons déviants locaux), et un ensemble cohérent de dysfonctions cognitives d'ordre supérieur occultes, englobant l'engagement attentionnel volontaire ‘top-down’ nécessaire au maintien actif de sons simples (P3b aux sons déviants globaux) dans la mémoire de travail ou de stimuli verbaux (P3 à la violation de faits arithmétiques simples et effets N400 à l'incongruence sémantique et lexicale) dans la mémoire sémantique. De façon intéressante, l’accès automatique à la mémoire autobiographique nécessaire à la catégorisation du propre prénom était également altéré chez les patients en état de delirium. Dans ce contexte, l'estimation des générateurs corticaux de la réponse P3 aux stimuli cibles par modélisation des sources a permis d'identifier le rôle prédominant du cortex préfrontal chez les sujets contrôles, dont l'activation était modulée à la baisse par le delirium. Ce projet de recherche a permis de décrire une nouvelle taxonomie électrophysiologique des dysfonctions cognitives associées au delirium, et de développer des biomarqueurs pronostiques basés sur les capacités cognitives résiduelles des patients présentant des troubles aigus sévères de la conscience.