Évolution de l'endémicité du virus de l'hépatite B au Laos au XXIe siècle : impact de l'immunisation universelle

Evolution of hepatitis B virus endemicity in Laos in the XXI st Century : impact of universal immunization

• Auteur / Autrice : Philavanh Sitbounlang
• Direction : Stéphane Bertani, Pascal Pineau
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Bio-informatique, génomique et biologie des systèmes
• Date : Soutenance le 17/10/2022
• Etablissement(s) : Toulouse 3
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pharmacochimie et Biologie pour le Développement (Toulouse ; 2003-....)
• Jury : Président / Présidente : Anne-Laure Bañuls
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Bertani, Pascal Pineau, Yu Wei, Audrey Dubot
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Yu Wei

Mots clés

Mots clés contrôlés

Immunisation

Vaccination

Laos

Hépatite B

Mots clés libres

Hépatite B

Vaccin VHB

Laos

Vaccination universelle

Asie du Sud-Est

Hepatitis B

HBV vaccine

Laos

Universal immunization

Southeast Asia

Résumé

Le fardeau sanitaire que représente l'hépatite B chronique est considéré comme un problème majeur pour les pays d'Asie du Sud-Est. Parmi eux, le Laos est toujours considéré comme un pays fortement endémique (> 8 %) pour la CHB. Par voie de conséquence, l'incidence du cancer primaire du foie au Laos est l'une des plus élevées au monde. Pour réduire ce fardeau, le Laos a mis en place il y a 22 ans la vaccination universelle contre le virus de l'hépatite B chez les nouveau-nés. Cet objectif nécessite un effort de diagnostic massif pour identifier les porteurs de virus non détectés auparavant et évaluer correctement la charge de morbidité dans le pays. Malgré, de nombreuses enquêtes de séroprévalence menées au cours de la dernière décennie, la situation de l'infection chronique par le VHB n’est encore que partiellement caractérisée au Laos, et des problèmes inattendus, tels que des différences géographiques importantes, ont été observés récemment. En utilisant le test rapide VIKIA® HBsAg pour la détection de la CHB, nous avons mené en 2020-21 la plus grande enquête prospective de prévalence jamais réalisée au Laos. Au total, 88 022 personnes, représentant environ 1,22 % de la population nationale ont été testées, a inclus les donneurs de sang (n=42 277), les patients soignés dans les hôpitaux de la capitale et des provinces (n=37 347) dont les parturiantes (n=20 548), les patients infectés par le VIH (n=7 439), les étudiants de l'Université des Sciences de la Santé (n=609), et les patients externes (n=350) venant pour un diagnostic au Centre d'Infectiologie Lao-Christophe Mérieux à Vientiane. Nous avons segmenté la population en fonction de trois variables, l'âge (< ou = 20 ans comme seuil), le sexe et l'origine géographique. Les valeurs des donneurs de sang ont été utilisées pour estimer la prévalence de l'AgHBs chez les patients de moins de 20 ans tandis que la prévalence de l'enquête hospitalière a été utilisée pour estimer la prévalence chez ceux âgés de plus de 20 ans. Nous avons observé une prévalence de la CHB délimitant ainsi un gradient nord-sud de (5,1 %-8,4 %) au nord, (2,0 %-8,1 %) au centre ou (2,2 %-6,9 %) au sud. Avec les hommes étant significativement plus exposés au risque d'être porteurs que les femmes (1,2 fois). Nous estimons que la prévalence Laotienne de CHB se situe en réalité entre 5,0 et 6,0 % de la population totale, ce qui implique que le pays serait désormais un pays d'endémicité intermédiaire. Enfin, nos travaux suggèrent qu'un pays en développement dont la population est essentiellement rurale peut sortir d'une forte endémicité pour l'infection chronique par le virus de l'hépatite B en l'espace d'une seule génération. Cette situation est avant tout le résultat du dynamisme démographique des populations dont les nombreux enfants sont protégés de l'infection par des mesures de santé publique appliquées avec détermination. Elle constitue donc un message d'espoir pour de nombreux autres pays confrontés à des circonstances similaires. Par ailleurs, dans le présent manuscrit, nous fournissons des éléments de comparaison des situations épidémiologiques de base et des politiques de santé publique mises en œuvre au Laos et dans les autres pays d'Asie du Sud-Est. Nous tirons de ces évaluations comparatives des perspectives concernant l'évolution de la charge de l'hépatite B dans la région.

The health burden represented of chronic Hepatitis B is considered as a major issue for countries of Southeast Asia. Among these, Laos is still considered a country highly (>8%) endemic for chronic infection with hepatitis B virus (HBV). As a consequence, the incidence of primary liver cancer in Laos is one of the highest in the world. To reduce this burden, Laos implemented two decades ago the universal anti-hepatitis B immunization of newborns. This aim necessitates a massive diagnostic effort to identify previously undetected virus carriers and correctly assess the disease burden in the country. Despite many seroprevalence surveys conducted in the last decade, the situation of chronic infection with HBV is still only partially characterized in Laos, and unexpected issues, such as significant geographical differences, have been observed recently. Using VIKIA® HBsAg, a rapid test for the detection of chronic infection with HBV, we conducted in 2020-21 the largest prospective prevalence survey ever in Laos. In total, 88,022 persons were tested, representing approximately 1.22% of the national population, included blood donors (n=42,277), patients attending care in capital and provincial hospitals (n=37,347) including attending mothers (n=20,548), HIV-infected patients (n=7,439, recruited from 2009 to 2020), students from the Health Sciences University (n=609), and outpatients (n=350) coming for diagnosis at the Center Infectiology Lao-Christophe Mérieux in Vientiane. We segmented the population according to three variables, age < or = 20 years as a cut-off), sex, and geographical origin. Blood donors values were used to estimate HBsAg prevalence in patients aged <20 while hospital survey prevalence was used to estimate the prevalence in those aged older than 20 years. We observed a prevalence of chronic hepatitis B delineating grossly a North-to-South gradient from (5.1%- 8.4%) in the north, (2.0%-8.1%) in central or (2.2%-6.9%) in the south with men significantly more at risk to be carriers than women (1.2 times). We estimate that national prevalence of chronic hepatitis B ranges between 5.0 and 6.0% of the total population implying that the country is now a country of intermediate endemicity. Finally, our work suggests that a developing country with a predominantly rural population can emerge from high endemicity for chronic hepatitis B virus infection within a single generation. This situation is primarily the result of the demographic dynamism of the populations whose many children are protected from infection by public health measures applied with determination. It is, therefore, a message of hope for many other countries facing similar circumstances. Furthermore, in the current manuscript, we provide elements for comparison of baseline epidemiological situations and implemented public health policies in Laos and the other Southeast Asian countries. We draw from these comparative assessments perspectives concerning the evolution of hepatitis B burden in the region.