Caractérisation des granules de stress et des P-bodies durant l'activation des lymphocytes T humains
Auteur / Autrice : | Nicolas Curdy |
Direction : | Jean-Jacques Fournié, Don-Marc Franchini |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Cancérologie |
Date : | Soutenance le 29/06/2022 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Toulouse (2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Maha Ayyoub |
Rapporteurs / Rapporteuses : Els Verhoeyen, Emiliano Ricci, Dominique Weil |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les Lymphocytes T constituent la principale ligne de défense contre les pathogènes persistant et les cellules tumorales. Ils possèdent à leur surface des récepteurs inhibiteurs (ou IR pour Inhibitory Receptors) qui servent originellement à assurer l'homéostasie de la réponse immunitaire et empêcher les réactions auto-immunes. Malheureusement, ces récepteurs se retrouvent exploités par les cellules tumorales qui tendent à surexprimer leurs ligands afin d'atténuer la réponse immunitaire antitumorale. Ces dernières années ont vu l'essor du ''blocage des points de contrôle immunitaire'' (ou ICB pour immune checkpoints blockade) utilisant des anticorps qui ciblent et inhibent les récepteurs inhibiteurs ou leurs ligands et empêchent l'échappement immunitaire. Bien que cette approche ait révolutionné le traitement de multiples cancers, la réponse objective des patients, tous cancers confondus, n'est que d'environ 30%. Pour améliorer l'efficacité de ce type de thérapie, il est nécessaire de mieux comprendre les mécanismes qui régulent l'expression des points de contrôle immunitaire dans les lymphocytes antitumoraux. Notre équipe a précédemment découvert que dans les lymphocytes T humains, les microtubules, les kinésines, et les granules de stress (SG) effectuent la régulation post-transcriptionnelle des ARN des IR. Au-delà de ces IR cependant, l'ensemble du transcriptome contrôlé par les SG reste inconnu, de même que les composants protéiques de ces complexes lymphocytaires. Il existe en réalité deux types majeurs de granules de ribonucléoprotéines : les SG susmentionnés et les processing-bodies (PB). Il s'agit essentiellement d'agrégats cytosoliques sans membrane de protéines et d'ARN. Pour caractériser leur constitution précise, j'ai développé un protocole de purification adapté aux cellules non adhérentes et à faible volume cytosolique que sont les lymphocytes T. Les protéomes et transcriptomes des SG et des PB purifiés des lymphocytes T ont ensuite été identifiés par spectrométrie de masse et séquençage d'ARN, respectivement. Ces analyses m'ont permis de démontrer que la constitution (protéique et ARN) des SG et des PB s'avère finalement très similaire dans les lymphocytes T naïfs ou activés, malgré leur organisation et leur répartition cytosolique différentes. De plus, cette thèse montre que les ARN enrichis dans ces granules de lymphocytes T codent essentiellement pour des protéines de réplication cellulaire, tandis que ceux appauvris contrôlent plutôt des fonctions traductionnelles et métaboliques. Ces résultats suggèrent un rôle clé de ces granules lors de l'activation lymphocytaire, en préservant la traduction immédiate des ARN nécessaires à l'activation cellulaire, mais en stockant ceux déterminant la phase proliférative ultérieure. De plus, les ARN des IR sont retrouvés dans les SG et les PB, indiquant que leur régulation est indépendante de -ou antérieure à- la formation de ces granules. Ainsi, la caractérisation complète de ces granules dans le contexte lymphocytaire T normal améliore notre compréhension de ce nouveau mécanisme régulateur, et permet désormais d'envisager son exploration comparative en pathologie humaine, notamment cancéreuse ou virale.