Thèse soutenue

Inférence de l'histoire évolutive de la population malgache à partir de données génomiques

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Omar Alva Sánchez
Direction : Denis Pierron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropobiologie
Date : Soutenance le 28/09/2022
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Évolution et Santé Orale (Toulouse ; 2021-....)
Jury : Président / Présidente : Monique Courtade-Saïdi
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Letellier, Chantal Radimilahy
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Raymond, Etienne Patin, Jean-Pierre Mazat

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Les récentes avancées en anthropologie moléculaire ont permis d'éclairer l'histoire du peuplement de la terre par l'espèce humaine. Confrontées à de nouveaux environnements, les populations humaines se sont adaptées tant génétiquement que culturellement. Au cours de ces processus de peuplement, elles se sont progressivement diversifiées au niveau génomique du fait de mutations, de dérives génétiques et d'effets fondateurs. Au cours de cette thèse, nous avons exploré les conséquences de l'histoire évolutive humaine sur la diversité génétique et son impact sur la santé des populations actuelles. Nous nous sommes particulièrement intéressés à l'effet des processus d'admixture (mélange de population) et de peuplement de nouveaux milieux sur le partage d'éléments génétiques entre individus. Nous avons de plus étudié les effets de ces processus sur l'efficacité de la sélection naturelle sur les mutations génétiques rendant non fonctionnelle les protéines. Pour cela nous nous sommes focalisés sur la population humaine vivant actuellement à Madagascar et issue d'un brassage génétique qui s'est produit au cours du dernier millénaire, entre des populations africaines de langue bantoue et des populations asiatiques de langue austronésienne. Dans ce travail, nous avons donc cherché à comprendre comment l'histoire humaine du peuplement de l'île influence la quantité de mutations génétiques délétères des individus vivant actuellement à Madagascar. Dans un premier temps, nous avons réalisé un travail bibliographique pluridisciplinaire (historique, linguistique et génétique) couvrant plus de deux siècles de travaux scientifiques pour lister et identifier différents scénarios plausibles de peuplement de Madagascar. Dans un second temps, en étudiant les données issues du génotypage de 700 individus malgaches, nous avons testé la vraisemblance de ces différents scénarios avec la diversité génétique des individus vivant sur Madagascar actuellement. Ainsi, grâce aux progrès récents des algorithmes bioinformatiques, nous avons décidé de mettre en œuvre la modélisation génétique de l'histoire évolutive humaine, en lançant des simulations informatiques pour en déduire l'histoire démographique et la migration des populations malgaches. La comparaison des données observées et des données issues de simulations en termes de partage de segments chromosomiques a permis de rejeter plusieurs scénarios couramment répandus à Madagascar qui ne sont pas compatibles avec les données empiriques. A l'inverse, nous avons mis en évidence un phénomène de goulot d'étranglement lors du peuplement qui a conduit le plus probablement à la diversité génétique observée à Madagascar. Ainsi, nous avons déduit que les ancêtres asiatiques de la population malgache ont vécu isolés pendant environ 1000 ans, avec une taille effective de seulement quelques centaines d'individus. Cet isolement ayant pris fin environ 1000 ans avant le présent. Dans un troisième temps, nous avons analysé 67 génomes complets (WGS) d'individus malgaches afin de rechercher l'impact de cette histoire démographique sur la variation fonctionnelle. Nous avons en particulier étudié l'effet du goulot d'étranglement pour les ancêtres asiatiques sur la fréquence des mutations délétères. Ainsi nous avons produit un catalogue des mutations dérivées présentes à Madagascar au niveau de génome complet, en identifiant des milliers des mutations potentiellement délétères qui pourront être interrogées dans des travaux futurs. En conclusion, ce travail de doctorat d'anthropologie permet de mieux appréhender comment différents scénarios de peuplement d'un nouveau territoire peuvent influencer de manière différente le génome des populations actuelles de ce territoire. De plus, ce travail souligne la complémentarité et le dialogue nécessaire entre les sciences humaines, les sciences environnementales, les sciences de l'information et les sciences bio-médicales pour comprendre la santé des populations humaines.