Thèse soutenue

Echappement à l'inactivation du chromosome X des gènes Tlr7 et CXorf21 : mécanismes et conséquences dans la réponse B

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Charles-Henry Miquel
Direction : Jean-Charles GuéryYosra Messai
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie
Date : Soutenance le 19/10/2022
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie Santé Biotechnologies (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Toulousain des Maladies Infectieuses et Inflammatoires (Toulouse ; 2021-....)
Jury : Président / Présidente : Joost Van Meerwijk
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Charles Guéry, Yosra Messai, Joost Van Meerwijk, Thierry Defrance, Vanja Sisirak
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Delpy, Marion Espéli, Anne-Sophie Korganow

Résumé

FR  |  
EN

Les femmes répondent aux infections virales plus vigoureusement que les hommes, mais sont également plus sensibles aux maladies auto-immunes. Le récepteur « Toll like » 7 (TLR7), codé sur le chromosome X, joue un rôle clé dans l’immunité innée contre les virus à ARN, mais peut également répondre à des ligands endogènes contenant des ARN simple brin (ARNsb), ce qui peut entraîner le développement de maladies auto-immunes comme le Lupus Erythémateux Systémique (LES) qui touche préférentiellement les femmes.Chez les femelles, un chromosome X subit une inactivation aléatoire (ICX) afin d’égaliser l’expression des gènes liés à l’X entre les deux sexes. Cependant, l’ICX est incomplète et environ 23% des gènes liés à l’X échappent à l’inactivation. Nous avons établi que TLR7 échappe à l’ICX dans les lymphocytes B (LB) de femmes saines et que les LB TLR7 bi-alléliques ont une capacité accrue à se différencier en plasmocytes IgG+.Nous pensons que le double dosage de TLR7 résultant de l’échappement à l’ICX au sein des LB serait un mécanisme conservé au cours de l’évolution chez les mammifères permettant aux femelles de générer des réponses anticorps de meilleures qualités contre les virus à ARNsb, afin d’assurer la survie de leur descendance grâce au transfert vertical d'anticorps protecteurs. Notre hypothèse est que cet avantage évolutif conférant aux femelles une réponse B augmentée vis-à-vis de pathogènes serait également impliqué dans la génération d’auto-anticorps suite à la reconnaissance d’ARNsb du soi par TLR7, expliquant ainsi la plus grande susceptibilité des femmes à développer des maladies auto-immunes telles que le LES. Un autre gène lié à l’X « CXorf21 » a été récemment décrit dans la littérature comme étant un locus de susceptibilité au lupus et relie la signalisation des TLR endolysosomaux, tel que TLR7, à la voie des interférons de type 1.Mon projet de thèse vise à étudier si l’échappement de TLR7 et CXorf21 confère un avantage immunitaire aux femelles contre les virus ARNsb et, a contrario, si ce mécanisme est délétère dans un contexte auto-immun tel que le LES.Dans un premier temps, j’ai démontré que CXorf21 et Tlr7 échappent à l’ICX dans les LB de souris et de donneuses saines. J’ai observé une augmentation de la fréquence des LB bi-alléliques pour Tlr7 et CXorf21 chez les souris NZM Sle1,2,3 comparé aux souris C57BL/6. De plus, suite à l’immunisation de souris par des nanoparticules chargées en ARNsb (Qβ-VLP), mimant une infection par un virus ARNsb, les LB spécifiques Qβ sont enrichis en cellules bi-alléliques pour Tlr7 et CXorf21. Dans ce modèle, j’ai mis en évidence une réorganisation de la chromatine sur le Xi, caractérisée par le rapprochement spatial des loci CXorf21 et Tlr7 en dehors du compartiment de l’ARN Xist. Ainsi, nous proposons un phénomène de relocalisation de ces loci dans des zones accessibles à la transcription favorisant leur échappement à l’ICX ce qui pourrait contribuer à la plus grande susceptibilité des femmes au lupus.Dans un second temps, nous avons généré des modèles génétiques murins permettant de suivre et/ou d’éliminer constitutivement les cellules Tlr7 bi-alléliques au cours d’une réponse B. A l’état basal, les LB Tlr7 bi-alléliques ont une expression protéique augmentée de Tlr7 par rapport aux LB mono-alléliques. De plus, ces cellules se caractérisent par un profil « hyperfonctionnel », associé à un phénotype distinct, et une capacité́ accrue à se différencier en plasmocytes IgG+ in vitro comparé aux cellules mono-alléliques. Enfin, les femelles, chez lesquelles nous forçons l'expression mono-allélique de Tlr7, présentent une diminution significative de la réponse anticorps primaire et secondaire anti-QB-VLP par rapport aux femelles contrôles. Ainsi, nous apportons la preuve d’un lien de causalité entre l’échappement de Tlr7 à l’ICX et le développement de réponses anticorps antivirales de plus forte intensité chez les femelles)