Thèse soutenue

Perception et réponses aux strigolactones chez les champignons mycorhiziens à arbuscules

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Quentin Taulera
Direction : Soizic Rochange
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Développement des plantes, interactions biotiques et abiotiques
Date : Soutenance le 11/05/2022
Etablissement(s) : Toulouse 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Recherche en Sciences Végétales (Toulouse ; 2010-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Bécard
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre-Emmanuel Courty, Sandrine Bonhomme

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

La symbiose mycorhizienne à arbuscules (MA) est une association symbiotique entre les racines de la majorité des espèces végétales terrestres et des champignons du sol du sous-phylum Glomeromycotina. Tandis que le champignon fournit à la plante de l'eau et des minéraux, la plante lui apporte du carbone sous forme de lipides et de glucides. L'initiation de la symbiose MA implique des molécules diffusibles sécrétées par les deux partenaires. Les strigolactones (SLs) sont des dérivés de caroténoïdes produits par les plantes et exsudés dans le sol. Elles sont nécessaires lors de l'initiation de la symbiose et déclenchent chez les champignons MA des réponses cellulaires, métaboliques et développementales telles que la ramification des hyphes. En plus de leur bioactivité sur les champignons MA, les SLs induisent la germination des graines de plantes parasites et jouent un rôle hormonal dans le développement des plantes. Les diverses SLs naturelles identifiées à ce jour sont composées d'un cycle méthylbuténolide (D) invariable, lié à une partie lactone tricyclique (ABC) variable. Les mécanismes de perception des SLs sont bien documentés chez les plantes : ils impliquent des récepteurs de la famille des alpha/bêta-hydrolases, qui ont la particularité de cliver les SLs et de former une liaison covalente avec le cycle D. L'objectif principal de ma thèse était de mieux comprendre la perception des SLs chez les champignons MA. Dans une première partie de mon travail, j'ai utilisé des analogues de SLs portant un cycle D modifié. J'ai évalué leurs impacts sur le développement du champignon MA Rhizophagus irregularis cultivé in vitro, ainsi que leurs capacités à favoriser l'initiation de la symbiose. Un résultat marquant a été qu'un analogue de SL avec un cycle D non méthylé pouvait inhiber la ramification des hyphes tout en augmentant la capacité de R. irregularis à coloniser les racines d'une plante hôte. Cette observation a montré pour la première fois que l'initiation de la symbiose MA peut être découplée de la ramification du champignon. Dans la deuxième partie de mon projet, j'ai cherché à aborder la nature des récepteurs des SLs chez les champignons MA. J'ai observé que deux inhibiteurs connus pour cibler les récepteurs des SLs chez les plantes suppriment également les réponses de R. irregularis aux SLs. Cela suggère que les récepteurs fongiques partagent des caractéristiques structurals avec ceux des plantes. Par une approche de modélisation, nous avons identifié huit protéines fongiques de la famille des alpha/bêta-hydrolases présentant une structure tridimensionnelle proche de celle d'un récepteur végétal de SLs. L'analyse phylogénétique a révélé une expansion des gènes codant pour ces protéines et des protéines apparentées chez les Glomeromycotina. La caractérisation in vitro de ces protéines a révélé que deux d'entre elles étaient capables de cliver des analogues synthétiques de SL, et que les deux inhibiteurs des récepteurs des SLs de plantes interféraient avec leur activité enzymatique. Collectivement, ces observations soutiennent l'hypothèse selon laquelle les champignons MA ont évolué la capacité de percevoir les SLs par expansion et néo-fonctionnalisation d'alpha/bêta-hydrolases, de façon comparable aux plantes parasites et aux mousses. Un dernier objectif était d'étudier le transfert de phytohormones d'une plante à une autre via des réseaux mycorhiziens communs. Des protocoles expérimentaux ont été conçus et mis en œuvre, mais les analyses biochimiques n'ont pas permis de fournir des preuves concluantes d'un tel transfert. L'ensemble de mon projet de thèse met également en évidence le fait que des signaux moléculaires tels que les SL peuvent être perçus, modifiés ou transportés par un certain nombre d'organismes vivants, et peuvent donc jouer des rôles complexes dans les écosystèmes au-delà de leur classification en tant que phytohormones.