Le pain de guerre allemand : une histoire culturelle de l'arrière, 1914-1919
Auteur / Autrice : | Nina Régis |
Direction : | Christina Stange-Fayos, Stéphane Audoin-Rouzeau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, Littératures, Arts et Civilisations Germaniques |
Date : | Soutenance le 24/11/2022 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches et d'études germaniques (Toulouse ; Montpellier ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Pierre Poulain |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Rasmussen | |
Rapporteur / Rapporteuse : Hélène Camarade, Sophie De Schaepdrijver |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Durant la Première Guerre mondiale, l’impossibilité d’importer des matières premières et des céréales depuis les pays ennemis oblige l’Allemagne à rationner ses denrées. Le premier aliment soumis à ce régime est le pain. Depuis le début du conflit en 1914 jusqu’au traité de Versailles en 1919, il s’agit d’étudier l’expérience de cet aliment de base et de montrer en quoi son évolution qualitative et quantitative a eu un effet sur le soutien de l’arrière à la poursuite de la guerre. Cette question invite à lier l’histoire des sens à l’histoire des émotions, l’étude des pratiques sociales et des représentations culturelles, de la presse et de la censure, de la politique du pain, de la médecine et de la sécurité alimentaire. L’anticipation des premiers manques se matérialise d’abord, entre 1914 et 1916, par la création de nouvelles institutions et par la recherche de farines de substitution, mais aussi par l’invention d’un pain de guerre, dont la consommation se mue en acte patriotique. À partir de 1916, la dégradation qualitative de l’aliment de base, refusé, mais souvent subi, raillé par l’ennemi, entraîne l’expression du dégoût. Entre 1918 et 1919, le pain de guerre est au cœur de revendications, d’un retour aux goûts des temps de paix et d’une remise en cause plus fondamentale du rationnement, ainsi que du rôle de l’État. Rendue possible par de riches fonds d’archives, cette étude invite à remettre en question plusieurs préjugés français concernant « le pain de guerre allemand », prenant racine dans une opposition plus ancienne entre pain blanc et pain noir. La conservation des traces matérielles et la transmission des pratiques de fabrication indiquent enfin le rôle capital de cet aliment de base dans l’expérience, mais également dans le souvenir de la guerre, et démontrent l’intérêt d’un sujet dont les enjeux se prolongent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.