Professionnalisation des étudiant.e.s en soins infirmiers : de quoi la confiance est-elle le nom ? Représentations sociales, représentations professionnelles et autrui signifiants entrelacés
Auteur / Autrice : | Caroline Jacquart |
Direction : | Christine Mias, Alain Piaser |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation et de la formation |
Date : | Soutenance le 07/11/2022 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Éducation, formation, travail, savoirs (Toulouse ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Brossais |
Examinateurs / Examinatrices : Thérèse Levené | |
Rapporteur / Rapporteuse : Thémis Apostolidis, Valérie Haas |
Mots clés
Résumé
La confiance est un moyen fondamental d’acquérir du savoir, pourtant la polysémie du mot rend difficile la circonscription de l’objet en sciences de l’éducation et de la formation. Dans cette thèse nous souhaitons aborder la question des rapports entre confiance et professionnalisation des étudiant·e·s en soins infirmiers. L’activité infirmière soignante renvoie à des imaginaires clivant entre auxiliariat et exercice autonome. Pour des raisons culturelles en France, le modèle de la formation en soins infirmiers est médico-centré. Elle est professionnalisante et conserve la trace de son héritage religieux, médical et moral. Le référentiel de formation se présente comme une mise en récit des promesses de professionnalisation. L’étudiant·e en soins infirmiers évolue dans ce contexte comme un système nodal sommé d’articuler les apports des différents lieux de formation dans une démarche intégrative. Sur le terrain les infirmier·e·s sont exposés aux risques psychosociaux, car confrontés à l’intensité du travail et à un travail émotionnel coûteux, et parfois partagés entre devoir de soigner et épuisement professionnel. Les étudiant·e·s pâtissent de cette situation systémique et psychosociale qui altère la qualité de la relation pédagogique et impacte leurs parcours. Par ailleurs exposés à une situation conjoncturelle de vulnérabilité relative aux enjeux des apprentissages, ils.elles présentent aussi des facteurs de vulnérabilité individuels liés au processus de transformation identitaire opérant en formation. Un modèle intégratif de la confiance et de la situation de professionnalisation porté depuis le regard psychosocial nous a paru pertinent. Pourtant objet transfixiant en sciences, la confiance s’est dérobée à notre problématisation malgré les perspectives étudiées et la recension des écrits effectuée. Nous avons donc supposé l’hypothèse d’une composition psychosociale représentationnelle spécifique des modes de pensées et de cognitions que les étudiant.e.s en soins infirmiers partageraient au sujet de la confiance. Revendiquant un polythéisme méthodologique, et assumant notre posture compréhensive, nous nous sommes demandés comment se manifestent et se construisent les représentations sociales de la confiance chez des étudiant.e.s en soins infirmiers dans l’entrelacs de leurs représentations professionnelles d’objets techniques significatifs et considérant des rapports à des autrui signifiants ? Pour investiguer les éléments représentationnels de la confiance, nous avons déterminé trois objets techniques significatifs de l’activité infirmière et dont les représentations professionnelles témoignent de la professionnalisation des étudiant·e·s en soins infirmiers : l’aide à la toilette, la transfusion sanguine et l’entretien de relation d’aide. Et nous supposons au moins quatre autrui signifiants possibles : l’étudiant·e lui-même, le.la formateur.trice référent.e de l’étudiant·e, le.la tuteur.trice de stage, le.la professionnel.le de proximité. Nous avons combiné plusieurs méthodes : une étude des représentations sociales de la confiance dans la langue française pour établir un paradigme de base ; une étude des représentations sociales de la confiance par l'analyse prototypique d’évocations verbales hiérarchisées d’étudiant·e·s en soins infirmiers ; et une étude des représentations sociales de la confiance des étudiant·e·s en soins infirmiers à partir d’entretiens individuels. Les résultats donnent à voir les représentations sociales de la confiance chez des étudiant.e.s en soins infirmiers, dans leurs aspects à la fois triviaux et spécifiques dans un contexte de professionnalisation, se rapportant à des actes professionnalisants et des autrui signifiants.