Thèse soutenue

Le temps des autres : accumulation du capital, agencements communautaires et constitution de classe chez les patrons de la côte est de Madagascar

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Auteur / Autrice : Sami El amari
Direction : Francis Dupuy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et historique
Date : Soutenance le 13/01/2022
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, sociétés, territoires (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Galia Valtchinova
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Blanchy, Laurent Berger
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Christine Trémon, Jean-Michel Wachsberger

Résumé

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La côte est de Madagascar est réputée pour ce que sa nature luxuriante offre de produits agricoles à diverses industries aux quatre coins du monde. L’image d’un échange marchand supposé équitable entre les différents protagonistes des filières cache mal les rapports sociaux d’exploitation qui creusent des fossés gigantesques au sein de la formation sociale et économique. Notre ethnographie s’attachera à décrire l’expérience des grands patrons qui règnent sur ces pyramides commerciales pour découvrir, avec eux, comment le temps des autres fait leur fortune. Nous découvrirons alors un esprit singulier du capitalisme. Par ce que j’ai appelé la subsomption informelle et la subsomption réelle partielle du travail sous le capital, la classe capitaliste de la côte est de Madagascar anime les rapports de production, mais prend soin de ne pas en être tributaire. Ce refus de l’engagement conduit à une faible implication réciproque entre les classes sur le territoire et à la faillite corollaire du rôle de l’État en tant qu’appareil de reproduction. Face à cette faillite, les patrons, souvent allogènes, ont maintenu des agencements communautaires hérités de l’histoire coloniale de l’île. Les multiples communautés commerçantes dont ils sont les représentants proposent un espace social exclusif que j’ai appelé sociétés civiles communautaires destinées à la reproduction des membres et des circuits commerciaux affiliés. Dépendants à l’égard de ces institutions, les grands patrons peuvent également chercher à s’en émanciper. Ils constituent alors un réseau transcommunautaire affecté par les variations saisonnières de l’activité économique que je propose d’entendre comme une bourgeoisie en pointillé. L’essentiel de leur action commune réside dans la production d’une certaine image des classes dangereuses contre lesquelles ils doivent se défendre. L’intérêt commun se résume au fait de persister dans un monde sans partage dont l’antagonisme de classe s’avère de plus en plus violent.