Diplomatie des droits de l’Homme entre l’Europe et son voisinage du Sud : regards croisés sur la politique de voisinage du Conseil de l’Europe et perspectives d’avenir avec les pays du Maghreb
Auteur / Autrice : | Meriem El Hilali |
Direction : | Sylvain Schirmann, Birte Wassenberg |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 11/01/2022 |
Etablissement(s) : | Strasbourg |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Dynamiques européennes (Strasbourg) |
Jury : | Président / Présidente : Frédérique Berrod |
Examinateurs / Examinatrices : Agnieszka Szklanna | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Bussière, Michel Catala |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Né au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale (1949), le Conseil de l’Europe, de par son architecture institutionnelle, son fonctionnement et ses membres, aspire à consolider un arsenal juridique et normatif européen sur les questions centrales de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’homme. Il œuvre également à élargir son champ d’action et sa zone d’influence au-delà de son périmètre géographique, en investissant d’avantage dans la diplomatie des valeurs et des droits humains dans son voisinage le plus proche. Cette politique concerne plusieurs pays de la rive Sud de la Méditerranée, notamment les pays de la région maghrébine, qui partagent des liens politiques, culturels et historiques particulièrement denses avec le continent européen. Le CdE aspire ainsi à dépasser le critère géographique et cherche à élargir son champs de valeurs aux pays désireux d’harmoniser leur législation avec l’acquis européen et à approfondir leurs échanges sur des questions interdisciplinaires d’intérêt commun, telles que la gouvernance et le développement durable, la démocratie locale et participative, la lutte contre les violences faites aux femmes, le dialogue interculturel et interreligieux, le renforcement du rôle de la société civile et de la jeunesse pour la démocratie, entre autres sujets. C’est à cette fin que le CdE multiplie ses échanges avec les pays tiers issus du voisinage maghrébin. Cette organisation se trouve de ce fait au carrefour de la diplomatie des droits de l’homme entre les deux rives de la Méditerranée, ce qui a débouché sur plusieurs accords de coopération touchant à un large éventail de disciplines. Les droits de l'homme et les valeurs de la gouvernance et de la démocratie continuent d’être au cœur des rapports de force qui traversent une Méditerranée multidimensionnelle, où les États, comme les acteurs non-étatiques, nouent des relations de plus en plus complexes et variées. De part et d’autre de la Méditerranée s’est ainsi développée une diplomatie grandissante des normes et des valeurs, et plus particulièrement avec le Maroc, un pays qui est parvenus à faire fructifier ses acquis en matière de transition démocratique post 2011. Les réformes qu’a connu ce pays ont nourri et transformé la dialectique de la coopération entre le Nord et le Sud à différents niveaux. Celle-ci s’appuie sur le socle du droit international et des valeurs universelles, et essaie en même temps de répondre impératifs socio-économiques qui s’imposent à leurs sociétés respectives. A cet égard, la coopération euromaghrébine ne vise sans doute pas un changement radical des modèles de valeurs et de gouvernance, propre à chaque région et à chaque pays, mais plutôt à favoriser des convergences politiques et socio-économiques. Certes, les risques sécuritaires et de la coexistence pacifique, les conflits régionaux, les difficultés socioéconomiques que traverse la région Méditerranéenne, ainsi que les mutations profondes de l’ordre mondial, ont trop souvent contribué à opposer les perspectives et les priorités entre les Etats d’une part, et à rationaliser l’approche diplomatique sur les questions des droits de l’homme et de la démocratie d’autre part. Chaque nouvelle mutation que connait le monde, couplée aux changements profonds que vit la région méditerranéenne, pousse les pays en Europe comme au Maghreb à s’adapter constamment et à réévaluer les priorités et les moyens alloués à la coopération régionale. Après avoir été un enjeu idéologique de l’antagonisme Est-Ouest et Nord Sud, les droits de l’homme et les normes démocratique sont aujourd’hui mis à l’épreuve sur le terrain. Même dans le débat théorique, cette contestation puise dans des références, historiques, culturelles et civilisationnelles différentes....