Thèse soutenue

Accroître le potentiel des mimes de superoxyde dismutase comme traitement des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin : de leur conception et production à leur administration intestinale chez la souris

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Auteur / Autrice : Gabrielle Schanne
Direction : Nicolas DelsucPhilippe Seksik
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie moléculaire
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Chimie moléculaire de Paris centre (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire des biomolécules (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Fabienne Burlina
Examinateurs / Examinatrices : Benedicte Arnaud-Pigneur
Rapporteur / Rapporteuse : Olivier Espéli, Christelle Hureau

Résumé

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Les superoxide dismutases (SODs) sont des metalloenzymes qui jouent un rôle important dans les défenses cellulaires anti-oxydantes en régulant la concentration en ion radical superoxide, un dérivé réactif de l’oxygène (DRO). Il a été montré que les SODs, et les défenses anti-oxydantes en général, sont déficientes chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Il en résulte une augmentation de la concentration en DRO qui semblerait être impliquée dans la pathogénèse des MICI. L’utilisation de complexes métalliques à faible poids moléculaire mimant l’activité SOD pourrait donc constituer une solution prometteuse pour le traitement des MICI. Deux sortes de mimes de SOD ont été étudiées ici : 1) des mimes bio-inspirés de la SOD2 endogène et 2) des complexes peptidiques à base de Cu et Mn. Dans le premier cas, une stratégie biomimétique a été suivie et a conduit au développement de Mn1, un complexe de Mn reproduisant le site actif de la SOD2 et son activité. Ce composé a une activité anti-inflammatoire sur cellules et sur modèle murin. Cependant, Mn1 est très flexible, ce qui favorise la décoordination du Mn qui peut s’échanger avec d’autres cations. Dans le but de s’affranchir des problèmes d’échanges métalliques et déprotonation, des groupements cyclohexyle (C) et propyl (P) ont été ajoutés. Le groupe cyclohexyle a été introduit de sorte à rigidifier la structure du complexe pour améliorer son inertie. Les complexes Mn1C, Mn1P et Mn1CP obtenus possèdent une activité SOD légèrement améliorée mais surtout une résistance fortement accrue aux échanges métalliques. De plus, ils sont capables d’exercer des effets anti-inflammatoires et anti-oxydants à plus faible dose que Mn1 sur un modèle de cellules intestinales stimulées au LPS. Cela peut être corrélé au moins en partie à leur plus grande inertie dans l’environnement cellulaire. La détection et la quantification des espèces actives sont indispensables pour comprendre et rationaliser les activités observées in cells. Cependant, elles ne sont pas évidentes pour de tels composés labiles qui peuvent souffrir d’échanges métalliques au sein des systèmes analytiques. En lien avec sa meilleure inertie, nous avons pu détecter et quantifier la présence de Mn1CP dans les cellules par spectrométrie de masse (MS). Cette technique ne permettait pas la détection de Mn1 et Mn1P, qui a nécessité le couplage de la spectrométrie de mobilité ionique avec la MS. Par ailleurs, nous avons étudié la localisation intracellulaire de Mn1 et Mn1CP et en particulier leur capacité à atteindre les mitochondries, principaux foyers cellulaires du stress oxydant, par microscopie de fluorescence aux rayons X. Dans ce but, une sonde à base de Re ciblant les mitochondries a été développée et utilisée. Enfin, le potentiel thérapeutique des mimes a été évalué sur un modèle murin de colite aigüe. Les complexes de Mn ont été vectorisés dans des bactéries lactiques afin de les protéger de l’acidité gastrique lors de leur administration orale. L’administration par gavage de Mn1C a permis de légèrement réduire la sévérité de la colite. Concernant le second type de mimes de SOD, ils sont constitués de ligands peptidiques qui présentent l’avantage d’être génétiquement encodables. De cette façon, des bactéries lactiques ont été modifiées génétiquement de sorte à exprimer ces peptides qui possèdent une activité SOD après coordination du cuivre ou du manganèse. La construction génétique a été vérifiée à trois niveaux : contrôle de la présence du gène, vérification de l’expression du peptide cloné et de son activité SOD en présence du métal adéquat. De plus, la co-incubation de cellules intestinales avec les bactéries lactiques recombinantes s’est montrée ici encore efficace pour limiter la sécrétion d’interleukin-8, une cytokine pro-inflammatoire, induite par le LPS. Les bactéries servent alors à la fois de vecteur de délivrance protecteur et d’usine de production des mimes de SOD.