Physiopathologie des myopathies inflammatoires idiopathiques : étude de la myostatine et spécificité des myopathies nécrosantes auto-immunes
Auteur / Autrice : | Alexandrine Mahoudeau |
Direction : | Olivier Benveniste, Yves Allenbach |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie et immunologie |
Date : | Soutenance le 18/10/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en myologie (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : François-Jérôme Authier |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Tournadre, Delphine Sauce, Emmanuelle Havis | |
Rapporteurs / Rapporteuses : François-Jérôme Authier, Werner Stenzel |
Mots clés
Résumé
Les myopathies inflammatoires idiopathiques (MII) sont des maladies musculaires inflammatoires auto-immunes rares pouvant être séparées en 4 sous-groupes : le syndrome des anti-synthétases (SAS), les dermatomyosites (DM), les myopathies nécrosantes auto-immunes (MNAI) et les myosites à inclusions (MI). Ces sous-groupes diffèrent en termes de physiopathologie, de phénotype clinique et de pronostic. La caractéristique principale des MII est une faiblesse musculaire généralisée avec différents degrés de sévérité observés entre les sous-groupes. Les SAS et les DM ont des atteintes musculaires légères à modérées contrairement aux MNAI et MI qui présentent une faiblesse musculaire plus intense avec une faible récupération de la force musculaire après rémission. Les DM, MNAI et SAS ont une survenue rapidement progressive des symptômes, qui est plus lentement progressive pour les MI. L’activité des différentes MII est difficile à évaluer. Certains marqueurs existent mais ne sont pas applicables de la même manière à tous les sous-groupes. Dans ce travail de thèse, j’ai tout d’abord voulu voir si la myostatine, un régulateur de la masse musculaire pouvait être un marqueur d’activité dans les différents sous-groupes. Pour cela, le taux de myostatine a été dosé au niveau protéique dans le sérum et au niveau transcriptomique dans le muscle chez les patients MII et comparé à des donneurs sains. Le taux de myostatine est diminué chez les patients dans le sang ainsi que dans le muscle. Le niveau de myostatine sérique diminué chez les patients SAS et DM ayant une maladie active remonte une fois la maladie contrôlée. Le taux de myostatine pourrait donc être utilisé comme un marqueur d’activité dans ces sous-groupes. Chez les MNAI cependant, le taux de myostatine reste inchangé suggérant des mécanismes pathologiques sous-jacents différents pouvant expliquer la faible récupération de ces patients. Je me suis ensuite intéressée à la physiopathologie des MNAI. Les patients présentent une atteinte musculaire proximale avec une infiltration fibro-adipeuse participant à l’établissement d’une faiblesse musculaire ainsi que la présence de fibres nécrotiques, une infiltration macrophagique, et la présence d’auto-anticorps. J’ai dans un premier temps tenté de mettre au point des modèles cellulaires 2D et 3D in vitro de la maladie mais qui ne se sont pas révélés concluants. Je me suis alors tournée vers une analyse en transcriptomique spatiale des muscles de patients MNAI comparés aux sujets sains. Cette méthode permet d’avoir les transcrits de domaines tissulaires de 55µm répartis sur l’ensemble de la coupe du tissu musculaire. Trois clusters majoritaires se détachent : 2 clusters immunitaires principalement macrophagiques accompagnés d’une signature interféron, l’un pro-inflammatoire et l’autre anti-inflammatoire et un cluster avec une signature de progéniteurs fibro-adipeux (FAP). Ces progéniteurs ont la capacité de se différencier en fibroblastes ou en adipocytes et pourraient alors être à l’origine du l’infiltrat fibro-adipeux des patients. L’augmentation des FAPs a été confirmée par un marquage CD90 sur les biopsies musculaires des patients.