Thèse soutenue

ABCC6 et biominéralisation rénale et vasculaire

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Auteur / Autrice : Élise Bouderlique
Direction : Emmanuel Letavernier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie intégrée
Date : Soutenance le 17/10/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Maladies rénales fréquentes et rares (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Gilles Crambert
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Bazin, Ludovic Martin
Rapporteurs / Rapporteuses : Christelle Maurey, Claire Bardet

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Mots clés libres

Résumé

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La survenue de calcifications ectopiques est un problème majeur de santé publique. Les calculs rénaux notamment affectent 10 % de la population générale et peuvent avoir de multiples complications pouvant aller jusqu’à l’insuffisance rénale chronique terminale. Les calculs de type « oxalo-calciques » sont les plus fréquents. Ils sont souvent générés sur des plaques de Randall, des calcifications interstitielles papillaires faites de phosphate de calcium (apatite). Au cours des dernières décennies, une augmentation importante de la prévalence de ces calculs a été observée chez les jeunes adultes, suggérant que des facteurs environnementaux puissent favoriser l’émergence de ces plaques. Les calcifications vasculaires sont des calcifications ectopiques responsables d’une morbi mortalité élevée. On les distingue en général en deux types : intimales et liées à la survenue de plaques d’athérome ou médiales et associées à des pathologies systémiques telles que l’insuffisance rénale chronique ou le Pseudoxanthome élastique. Le Pseudoxanthome élastique (PXE) est une maladie rare monogénique se manifestant par la survenue de calcifications ectopiques rétiniennes, cutanées, vasculaires et rénales. Cette maladie est due à des mutations du gène ABCC6, impliqué dans le métabolisme du pyrophosphate, un inhibiteur majeur de la bio minéralisation. Le modèle murin invalidé pour Abcc6 est également affecté par des calcifications ectopiques, notamment des vibrisses, des vaisseaux, des papilles rénales (plaque de Randall), et des rétines. Le taux circulant de pyrophosphate est bas chez les patients et chez ces souris. Nous avons évoqué l’implication potentielle de la supplémentation en vitamine D, largement répandue, sur la survenue de plaques de Randall et l’aggravation des calcifications vasculaires. Nous avons donc étudié l’impact de la supplémentation en vitamine D et/ou en calcium sur la survenue de plaque de Randall dans notre modèle murin Abcc6-/-. L’administration chronique de doses modérées de vitamine D et de calcium a suffi a aggravé le développement de ces plaques de façon significative, confortant ainsi notre hypothèse initiale. Dans une deuxième partie, nous avons analysé l’évolution des calcifications vasculaires chez les animaux Abcc6-/- exposés à cette supplémentation en vitamine D et en calcium. Que ce soit au niveau rénal ou vasculaire, on retrouvait une augmentation de volume significative des calcifications vasculaires lors de la supplémentation mixte en calcium et en vitamine D. Cela implique notamment de considérer avec prudence la supplémentation en vitamine D chez les patients atteints de PXE, et suggère qu’en population générale ces suppléments pourraient poser problème chez des individus prédisposés. Dans une dernière partie, nous avons analysé la survenue de calcifications vasculaires au sein du modèle Abcc6-/-, dans un contexte de maladie rénale chronique modérée (MRC) induite par l’acide aristolochique. Ce modèle était utilisé en raison de son caractère modéré et bien toléré sur le long terme (6 mois). Tout d’abord, nous avons noté, que les calcifications vasculaires étaient plus sévères chez les animaux atteints de MRC et prédominaient au niveau de la crosse aortique. Les principaux facteurs mis en cause dans notre modèle était l’élévation de l’expression et de l’activité des phosphatases alcalines tissulaires et le défaut de pyrophosphate circulant. Ensuite, nous avons confirmé que l’administration orale de pyrophosphate était suffisante pour protéger contre les calcifications vasculaires et bien tolérée, faisant de notre modèle une étude préclinique intéressante pour les patients atteints de MRC.