Le rôle des interneurones à parvalbumine striataux dans la prise de décision perceptuelle
Auteur / Autrice : | Oriana Lavielle |
Direction : | Eric Burguière |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 06/12/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut du cerveau (Paris ; 2009-....) |
Jury : | Président / Présidente : Mehdi Khamassi |
Examinateurs / Examinatrices : Elodie Fino | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Camilla Bellone, Valérie Ego-Stengel |
Résumé
La prise de décision perceptuelle est un processus dans lequel les informations sensorielles disponibles sont utilisées pour choisir une réponse et guider le comportement. En fonction de la quantité d’informations pertinentes et de leur fiabilité, le processus décisionnel peut prendre plus ou moins de temps afin d’optimiser la réponse apportée. En effet lorsque l’information est ambiguë, il devient nécessaire de retarder l’exécution de son choix pour accumuler plus d’informations. Mon travail de thèse a consisté à comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette régulation de l’action lors de la prise de décision. Pour cela, nous nous sommes intéressés à la régulation de l’activité du striatum, structure impliquée dans la sélection de l’action, exercée par les interneurones à parvalbumine (PV). Ces interneurones reçoivent de nombreuses afférences d’aires corticales préfrontales impliquées dans les processus décisionnels. Lorsque ces interneurones sont activés, ils exercent un fort pouvoir inhibiteur sur les neurones striataux de projections, modulant ainsi l’activité sortante du striatum. Ainsi nous avons fait l’hypothèse ici que les interneurones PV sont recrutés durant le processus de prise de décision. Plus la difficulté de la décision serait élevée, plus l’inhibition striatale par les interneurones PV serait nécessaire pour retarder le choix. Pour adresser cette hypothèse, nous avons développé une tâche innovante de prise de décision perceptuelle chez la souris dans le but de mesurer précisément la durée du processus décisionnel. Cette tâche comportementale est couplée à des enregistrements par photométrie permettant de suivre l’activité des interneurones PV du striatum au cours de la tâche. Les résultats décrits dans ce manuscrit indiquent une variation de la durée de la prise de décision en fonction du contexte d’incertitude de la souris. Plus la souris devient experte dans la tâche, plus la durée de la décision diminue suggérant une optimisation de ce processus décisionnel. A l’inverse, plus la difficulté de la tâche augmente, plus la durée de la prise de décision augmente. Les enregistrements par photométrie ont montré un recrutement des interneurones PV lors de la prise de décision ainsi qu’une forte diminution de leur activité précisément lors de l’exécution du choix, suggérant leur rôle crucial dans la régulation de l’action pendant ce processus cognitif. De plus, nous avons étudié la densité striatale des interneurones PV et ChAT chez la souris Sapap3-KO, un modèle exprimant des comportements répétés pathologiques analogues à des symptômes observés dans les troubles obsessionnels compulsifs. Dans cette pathologie, il a été proposé que la prise de décision en contexte d’incertitude pouvait être fortement affectée. Ainsi, si le réseau d’interneurones striataux participe à la régulation de l’action dans la prise de décision, il est pertinent de s’intéresser à l’intégrité de ce réseau chez les souris Sapap3-KO. Pour étudier cette hypothèse, nous avons développé une approche méthodologique permettant d’évaluer la distribution des interneurones PV et ChAT sur l’ensemble du striatum. Cette méthodologie a permis d’identifier de manière objective et non supervisée des différences de densités d’interneurones entre des souris Sapap3-KO et des souris témoins dans différentes régions du striatum. Nos résultats montrent une altération de la densité des interneurones PV dans les striatum associatif et limbique, régions impliquées dans la sélection de l’action, tandis qu’une diminution de la densité des interneurones ChAT a été observée dans la région sensorimotrice du striatum.