Thèse soutenue

L’épidémie des calculs rénaux. Approche physiopathologique alliant RMN à l’état solide et IRM

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Auteur / Autrice : Winh-Chhunn Teh
Direction : Christian Bonhomme
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique et chimie des matériaux
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique et chimie des matériaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Chimie de la matière condensée de Paris (1997-....)
Jury : Président / Présidente : Olivier Lafon
Examinateurs / Examinatrices : Yannick Millot
Rapporteur / Rapporteuse : Olivier Lafon, Marie Poirier-Quinot

Résumé

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La lithiase urinaire est un problème de santé publique majeur en particulier dans les pays développés occidentaux. Des populations de plus en jeunes sont touchées. En France les dépenses annuelles reliées aux traitements médicamenteux, aux actes chirurgicaux et aux éventuels traitements sous dialyse approchent les 800 millions d’euros. Les calcifications pathologiques de type calculs rénaux sont des composés extrêmement complexes à caractériser et à l’heure actuelle, leur formation in situ au sein du corps humain reste encore entourée de mystères, et ce, malgré de très nombreuses études cliniques in vivo et ex vivo. La complexité est avant tout de nature chimique, la composition de chaque calcul rénal étant particulière. Un calcul rénal est généralement composé de phases minérales et organiques constituant ainsi un dérivé hybride organique inorganique (à plusieurs échelles de taille). Deux phases d’oxalates de calcium hydraté sont surreprésentées, à savoir la whewellite, CaC2O4.H2O, et la weddellite, CaC2O4.2H2O. La deuxième famille la plus représentée correspond aux phosphates de calcium dont l’hydroxyapatite (HAp) carbonatée est un représentant majeur. La complexité des calculs rénaux est de nature structurale également. A l’heure actuelle, il est particulièrement difficile de caractériser l’interpénétration des réseaux organique et inorganique et surtout, à quelle échelle de taille. De plus, les phases présentes peuvent subir des transformations au cours du temps, qui rendent encore plus compliqué l’analyse des pathologies associées. La formation in vivo des calculs rénaux est un sujet passionnant mais difficile. La lithogénèse correspond globalement à une association (de type agglomération) d’un ou de plusieurs cristaux inorganiques au sein d’une matrice de nature organique (pouvant contenir des protéines, des lipides, des acides gras insaturés ou encore des triglycérides). On considère que la formation d’un calcul provient de la succession dans le temps de plusieurs évènements : la sursaturation des urines (qui est évidemment pH dépendante), la germination, la croissance et l’agrégation des cristaux, la rétention des cristaux via des processus d’adhésion dans une cavité des néphrons par exemple, et enfin la croissance finale pouvant conduire à un acte chirurgical. Un certain consensus existe sur les premières étapes de formation des calculs rénaux. Suite à des observations faites post-mortem par le chirurgien Randall, il a été proposé que le premier nucleus à se former soit de nature apatitique (carbonatée). C’est ce que l’on nomme désormais la plaque de Randall. A partir de la plaque de Randall, les calculs rénaux sont alors supposés croître, leur composition chimique finale dépendant des apports anioniques et cationiques, du métabolisme et de la prise éventuelle de traitements médicamenteux de longue durée. Enfin, de nombreuses techniques de caractérisation ont été mises en œuvre pour l’étude détaillée de la structure des calcifications pathologiques, tant en imagerie, diffraction et spectroscopie. Curieusement, la RMN en phase solide n’a été que peu mise en œuvre. De façon générale, l’IRM standard telle que pratiquée en milieu hospitalier n’est presque jamais mise en œuvre pour l’étude des calculs rénaux. Dans une revue de 2016 faisant un état de l’art des méthodes d’analyse des calculs, Brisbane ne consacre qu’un court paragraphe en toute fin d’article à l’IRM et parle d’un « non-specific void » à propos de l’image d’un calcul.Le coeur de ce travail de recherche s’attache à la caractérisation par DNP (Dynamic Nuclear Polarization) et imagerie en rotation à l’angle magique (IRM MAS) de la plaque de Randall, et plus généralement des phases d’oxalates/phosphates de calcium et des calculs rénaux. Le but est de proposer in fine des pistes intéressantes pour les praticiens hospitaliers quant au diagnostic des néphropathologies.