Thèse soutenue

Intégration visuelle et vestibulaire pour la stabilisation du regard dans le modèle murin

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Auteur / Autrice : Louise Schenberg
Direction : Mathieu Beraneck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Neurosciences intégratives et cognition (Paris ; 2019-....)
Jury : Président / Présidente : Fekrije Selimi
Examinateurs / Examinatrices : Alexandra Séverac Cauquil, Volker Bormuth
Rapporteurs / Rapporteuses : Hans Straka, Brahim Tighilet

Résumé

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Une image stable de l'environnement est cruciale pour l'équilibre, l'orientation et la navigation. La stabilisation du regard est assurée chez tous les vertébrés par les réflexes vestibulaires et visuels qui compensent les respectivement mouvements internes ou externes. Le réflexe vestibulo-oculaire dans l'obscurité (VORd) minimise le flou de mouvement induit par les mouvements de la tête grâce à des mouvements oculaires compensatoires. Le réflexe optocinétique (OKR) stabilise l'œil dans un environnement visuel en mouvement. Ces deux réflexes fonctionnent en synergie pour assurer une stabilisation optimale du regard combiné dans des conditions physiologiques. Pour mieux comprendre l'intégration visuo-vestibulaire et sa plasticité suite à une perte sensorielle, nous avons réalisé chez la souris une série d'expériences comportementales en quantifiant le VORd et l'OKR suite à des perturbations visuelles ou vestibulaires. Dans une première étude, les altérations du VOR et de l'OKR au cours de la semaine ont été étudiées en utilisant un protocole de mismatch visuo-vestibulaire précédemment développé. Ce protocole est basé sur un dispositif implanté de façon permanente sur la tête de la souris pendant deux semaines, perturbant ainsi la vision sans altérer les signaux vestibulaires. Les dynamiques d'adaptation et de récupération des réflexes OKR et VOR ont été comparées dans deux conditions de mismatch qui différaient par l'importance du glissement rétinien (França de Barros, Schenberg et al 2020). Nous avons constaté que le protocole de mismatch visuo-vestibulaire a entraîné une réduction du gain du VOR et de l'OKR, qui concerne principalement les réponses aux basses fréquences de stimulation. Les changements observés dans l'OKR étaient généralement de moindre intensité et se sont rétablis plus rapidement que les changements dans le VOR. L'utilisation de 2 variantes de l'appareil avec des contrastes différents n'a pas révélé de différences majeures, ce qui suggère que l'absence de retour visuel est le principal facteur déterminant des changements dans la calibration du VOR et de l'OKR. La deuxième étude (Schenberg et al. en prép.) est basée sur l'altération transitoire des entrées vestibulaires. Elle utilise un protocole ototoxique dit " subchronique ", basé sur une exposition d'une semaine à de faibles doses d'IDPN (3,3'-iminodipropionitrile) dans l'eau potable (Greguske et al. 2021). Nous rapportons que 6 semaines de traitement subchronique à l'IDPN affectent également les réflexes vestibulo-oculaires dépendants des canaux semi-circulaires et des organes otolithiques et que la perte de cellules ciliées spécifique à l'organe est en corrélation avec les déficiences individuelles des souris. Nous montrons que la plasticité adaptative optocinétique est spécifique à la fréquence et est dynamiquement décalée par rapport aux changements du VOR. Les changements du VOR se produisent dans la gamme de fréquences où les entrées vestibulaires dominent physiologiquement les réflexes compensatoires de stabilisation du regard. Enfin, l'intégration des entrées vestibulaires et visuelles reste altérée chez les souris traitées par l'IDPN après 6 semaines de sevrage, ce qui entraîne une stabilisation suboptimale du regard. Collectivement, les résultats produits au cours de ma thèse éclairent l'intégration des entrées visuelles et vestibulaires dans les modèles de souris en fournissant de nouvelles données sur la dynamique de l'adaptation hebdomadaire qui se développe lorsqu'une perte sensorielle transitoire se produit. Ces résultats sont importants pour mieux comprendre les mécanismes physiologiques qui soutiennent la repondération multisensorielle chez les patients souffrants, par exemple, d'un dysfonctionnement vestibulaire périphérique fluctuant.